Dans sa démarche de développement des énergies renouvelables pour concrétiser sa transition énergétique, l'Algérie décide d'associer le privé national. La décision est désormais entérinée, la production de l'électricité est ouverte à la concurrence. Cette mutation énergétique doit favoriser, est-il reconnu, l'implication active de nouveaux acteurs nationaux dans le système électrique algérien. Cette nouvelle vision est fondée sur l'"importance du potentiel énergétique renouvelable dont jouit notre pays et plus particulièrement l'énergie solaire". "Ce qui milite pour l'introduction des énergies renouvelables dans le mix énergétique que nous devons offrir au consommateur", déclare le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni. La production de l'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables a, selon le ministre, donné lieu à une nouvelle stratégie axée sur le développement d'une industrie nationale de fabrication des équipements entrant dans la réalisation des centrales photovoltaïques. Elle (stratégie) a également tenu compte de l'impérative "mise en concurrence des investisseurs à travers une opération d'appel d'offres qui devrait permettre d'obtenir les prix du KWh (kilowattheure) les plus bas possibles", estime M. Guitouni. Le lancement de cet appel d'offres national de développement des énergies renouvelables, par voie d'une mise aux enchères, a été confié à la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg). Cet appel portera, dans une première phase, sur la production minimale de 150 MW avec des technologies photovoltaïques. Cette quantité fait partie des 22 000 MW que le secteur a projeté de réaliser d'ici à 2030. L'un des objectifs recherchés est de recourir exclusivement aux capacités nationales de fabrication des équipements photovoltaïques et de réalisation des centrales solaires. L'épineux problème du foncier soulevé traditionnellement par les investisseurs semble être réglé par la tutelle. "Les sites devant accueillir les installations photovoltaïques à réaliser seront choisis en fonction de leur potentiel solaire et de leur proximité par rapport au poste d'évacuation de l'électricité produite", indique Abdelkader Choual, président du comité de direction de la Creg. MM. Guitoune et Choual tiennent, cependant, à rassurer les souscripteurs potentiels à cet appel que le financement des projets sera assuré en partie par les ressources propres des investisseurs et en partie par des crédits à mobiliser auprès des banques locales avec possibilité de bonification des taux. Il est à noter que l'énergie produite par chacune des centrales solaires sera livrée à un acheteur désigné à un prix plafond qui sera fixé préalablement au lancement de l'appel d'offres. Elle sera achetée par Sonelgaz et les distributeurs, précise le ministre, qui évoque la signature d'un contrat sur 25 ans entre les deux partenaires, en l'occurrence le producteur et l'acheteur de cette énergie. D'autres avantages tels que ceux de l'Andi, la réduction du taux des taxes et autres sont également prévus. Des ouvrages de production d'électricité à partir de sources renouvelables ont été déjà réalisés en Algérie. L'on cite les projets concrétisés par la filiale de Sonelgaz, SKTM, évalués à 343 MW de capacités installées en renouvelables, localisée dans la région des Hauts-Plateaux et du Grand-Sud. Sonatrach, pour sa part, compte lancer des projets pour l'installation d'une capacité solaire d'environ 1,3 gigawatt pour couvrir 80% de ses besoins sur sites. Badreddine KHRIS