Conduite par l'artiste-peintre Toufik Lebcir, auteur de La Casbah de Bou Saâda, l'exposition "Méditation", qui se tient jusqu'au 1er septembre à la galerie d'art Asselah Ahmed et Rabah, se veut cet album de toiles qui relatent la beauté de nos villes du Sud. Tel le suave air musical et si doux qui s'exhale d'une gasba pour apaiser l'anxieuse âme tourmentée, l'exposition "Méditation" est comme l'harmonieuse mélodie du terroir qui s'échappe d'une poésie picturale. Mythifiée aux couleurs oasiennes, la galerie d'art de la Fondation Asselah-Ahmed et Rabah est devenue depuis le 4 août dernier, l'idéale escale aoûtienne, où rayonne l'écho de l'immensité silencieuse de notre Sahara. Et, à propos du silence, autant se fier à la citation de l'explorateur Théodore André Monod (1902-2000) : "Parler du désert, ne serait-ce pas, d'abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage, non de nos vains bavardages mais de notre silence ?". À ce titre, il a fallu deux pépites de palmeraies, dont l'oasis de la reine des Ziban et l'Eden de Bou-Sâada, pour que l'âme d'Alphonse Etienne Dinet (1861-1929) escorte l'artiste-peintre Toufik Lebcir et son quatuor d'adeptes du beau, dont l'autodidacte Fayçal Barkat et Mourad Tbarha de l'annexe de l'Ecole des beaux-arts, à Biskra. Autres hôtes, le duo d'autodidactes Brahim Abdeldjabar et Dahmani Cheikh Khalil. Bien entendu, le choix de Biskra n'est pas fortuit, du fait qu'une pléiade d'artistes-peintres, soit plus d'une quarantaine d'adeptes du Salon des artistes algériens et orientalistes de Paris et Alger ont peint cette oasis, à l'instar d'Eugène Fromentin (1820-1876) pour La chasse au faucon en Algérie et La séguia, près de Biskra (Musée d'Orsay à Paris) de Guillaumet Gustave (1840-1887) (voir le site : "Ils ont peint Biskra"). Quant à l'oasis de Bou Saâda, le choix de ce havre de "papa bonheur" a opéré pour sa lumière d'exception qui avait ébloui auparavant Nasr-Eddine Dinet, l'auteur de la toile Départ à La Mecque, a-t-on su du professeur Hocine Asselah lors de son allocution d'ouverture. Conduite par le "beausariste" Toufik Lebcir, auteur de La Casbah de Bou Sâada, l'exposition "Méditation" se veut cet album de toiles qui relatent la beauté de nos villes du Sud, sans que ces artistes locaux ne s'identifient au courant orientaliste. Ceci dit, force est de convenir qu'ils avaient du mérite, ces orientalistes, d'immortaliser l'Algérie que l'on ne connaît qu'à travers leurs toiles, mais cela n'évacue pas cependant l'image de l'exotisme et ses non-dits que l'occupant cachait sous son chapeau colonial. Mais ceci est un autre débat qui reste tout aussi passionnant que l'échange de vues qui a suivi le vernissage de l'exposition "Méditation" qu'abrite la galerie d'art Asselah-Ahmed et Rabah jusqu'au 1er septembre. En attendant, méditons sur l'alliage de l'esthétique et de la poésie qui a conçu le pont au-dessus de l'Oued El Hadjeb de l'artiste peintre Fayçal Barkat, ce bâtisseur de passerelles sur l'Oued El Gantra qui ruisselle à côté du village rouge avant qu'il ne s'écoule dans l'Ighzer amellal (Oued Labiod) à Himsounine (M'chounèche) au piedmont des Aurès. C'est dire l'intérêt qu'il y a, à visiter "Méditation" pour admirer le renouveau de l'art d'une nouvelle génération d'artistes qui monte. Louhal Nourreddine