Les habitants des villages d'Ouled Nacer, de Tafoughalt et de Mâamar, relevant respectivement de la commune d'Aomar (Bouira) et de Draâ El-Mizan (Tizi Ouzou), continuent de bloquer le projet de la pénétrante de Tizi Ouzou et viennent d'interpeller le Premier ministre dans une requête dont Liberté détient une copie. Ces habitants, dont le tracé de la pénétrante passe par leurs hameaux, exigent des pouvoirs publics la revalorisation de leurs indemnités, qu'ils jugent dérisoires, et, surtout, déplorent "le mépris" des représentants du ministère des Transports et des Travaux publics à leur égard. Selon les rédacteurs de la missive, et lors d'une récente entrevue avec les émissaires du département d'Abdelghani Zaâlane, afin de trouver une issue favorable à cette situation de blocage, les responsables du ministère ont, selon ledit document, brandi la menace de faire intervenir la force publique. "Nous déplorons et dénonçons de tels agissements qui sont inadmissibles dans un état de droit", soulignent-ils. Pour ces villageois en colère, les autorités concernées avaient toute la latitude de proposer une solution "intermédiaire, mais au lieu de cela, elles ont préféré le recours à la force et aux menaces", affirment-ils. Plus loin, les pétitionnaires exposent au chef du gouvernement le fond du problème. Selon eux, le viaduc long de plus de 1 400 mètres, qui doit traverser leurs localités, va entraîner la destruction totale de leurs villages, ainsi que l'arrachage de plus de 1 350 arbres fruitiers et oliviers. "Nous allons, du jour au lendemain, être des SDF et des déracinés", font-ils remarquer. "Que nous propose l'état ? 1 400 DA le mètre en guise de compensation ? C'est une honte !", se sont-ils insurgés. Les "victimes" de la pénétrante, devant relier Bouira à Tizi Ouzou, exigent des pouvoirs publics la revalorisation de la tarification arrêtée par les services concernés, en vue d'une éventuelle indemnisation des terres expropriées et autres arbres fruitiers déracinés. Les requérants veulent faire entendre leur voix concernant cette grille, qui, selon eux, ne reflète guère les pertes subies, que ce soit en termes de surface ou de rentabilité de leurs arbres. "Les oliviers endommagés constituent l'unique source financière qui nous permet de nourrir nos familles. Comment voulez-vous admettre un tel prix qui, à notre connaissance, n'est que symbolique comparativement au pouvoir d'achat de la situation actuelle." Toujours selon le document adressé à Ahmed Ouyahia, ces villageois souhaitent être indemnisés au même titre que ceux d'Ahnif et d'Ath Mansour (est de Bouira), où le mètre carré a été estimé entre 25 000 et 50 000 DA pour un olivier et 20 000 DA pour un jeune plant. Quant aux puits et autres forages, la demande des citoyens est de 2 millions de dinars. En outre, les villageois d'Ouled Nacer, de Tafoughalt et de Maâmar réclament une indemnisation des terrains agricoles, des habitations et des arbres fruitiers à des prix justes, tout en signifiant leur refus de "brader" leurs biens et d'être dédommagés en tenant compte d'une évaluation calculée sur la base de l'ancien barème. Il y a lieu de souligner que le bras de fer entre ces villageois et le ministère des Transports et des Travaux publics dure depuis mai 2016, date à laquelle, ces villageois bloquent systématiquement les engins de l'entreprise réalisatrice. RAMDANE BOURAHLA