L'apparition de dizaines de cas de choléra, suivis d'hospitalisations et de mort d'homme crée la panique. Inquiets, les Algériens compensent le silence des autorités par un investissement des réseaux sociaux hantés par le spectre d'une contagion généralisée. Ils se sont rués sur les réseaux sociaux pour exprimer leur peur, s'interroger, chercher et partager les solutions, mais surtout interpeller le gouvernement pour protéger les populations de ce énième drame. Véritable substitut de la communication officielle, Facebook est vite devenu un "bureau des plaintes" pour les Algériens qui ont cette nette impression de naviguer à vue au moment où le choléra fait, chaque jour, de nouvelles victimes. "C'est une maladie à déclaration obligatoire. Pourquoi le ministre de la Santé nous cache-t-il la vérité ? Il attend que le choléra fasse d'autres victimes pour parler ? L'Etat doit prendre ses responsabilités. Personne ne veut assumer cette situation et, comme d'habitude, le choléra, qui refait surface en Algérie, a mis à nu la précarité du système sanitaire algérien", commentera un facebooker. Un autre, médecin de son état, estime que "le choléra continue ses ravages. Le gouvernement est-il conscient de la catastrophe ? Algériennes, Algériens, prenez vos précautions ! La démission de l'Etat ne fait que se confirmer au fil des jours". Affirmant que le nombre de personnes suspectes avait atteint, dans la matinée d'hier, 139, dont 6 à Bouira, plus de 90 à Blida, 22 à Alger, 19 à Tipaza, 2 à Médéa et à Aïn Defla, ce médecin a préféré, enfin, décliner une série de conseils pratiques pour éviter la contamination. "C'est triste d'en arriver à ce stade. Il ne manque que la peste et la lèpre pour en finir définitivement avec le peuple algérien !", réagira une dame sur son mur, affirmant que "la plupart des fruits qui se vendent sur le marché sont stockés par les mandataires dans des sous-sols infectés. Parfois, ils leur jettent de l'eau douteuse puisée n'importe où..." En réponse aux cadres du ministère de la Santé qui se voulaient rassurants en affirmant maîtriser la situation, un autre facebooker ironise : "Après le décès d'un citoyen, causé par l'épidémie de choléra, les services concernés ont vite maîtrisé la situation. Bravo ! Ils veulent dire que cette épidémie est causée par les aliments et la mauvaise hygiène ? Ils veulent dire que l'Algérie est un pays très sale ?" Visiblement inquiété par le choléra, un jeune facebooker estime qu'il fallait s'attendre au pire. "Vu la dégradation de notre environnement, sur un fond de laisser-aller et d'abandon, il faut s'attendre au pire. L'environnement, l'hygiène et la santé publique doivent être l'affaire de tout le monde. L'Etat en premier lieu. N'est-ce pas le moment de reprendre les choses en main avant qu'il ne soit trop tard. Il faudra asseoir le contrôle de l'Etat partout et accompagner tout cela par des politiques publiques à long terme, par l'éducation et la sensibilisation à la culture environnementale. Ce n'est pas seulement une affaire de répression." Enfin, un jeune médecin préfère faire la genèse de cette maladie et partager les recommandations d'un site dédié à la médecine. FARID BELGACEM