L'instruction donnée par l'ex-wali pour assurer une meilleure prise en charge des sinistrés de cette catastrophe naturelle n'a pas été respectée. Aujourd'hui, les habitants de ce village sont livrés à eux-mêmes. Le village de Tazila relevant de la commune de Aïn Azel (50 km au sud de Sétif) compte aujourd'hui une centaine d'habitations espacées les unes des autres. La plupart ont été construites selon le modèle traditionnel, voire bâties en matériaux locaux comme les pierres et la touille. En 2015, ce village a été durement touché par un tremblement de terre d'une magnitude de 3,4 degrés sur l'échelle de Richter où certaines habitations vétustes qui datent de l'ère coloniale ont été complètement endommagées. Le calvaire de plusieurs familles sinistrées perdure toujours. Selon les dires des habitants de cette localité montagneuse, les promesses fournies par les autorités locales sont restées lettre morte. Pis encore, l'instruction donnée par l'ex-wali de Sétif pour assurer une meilleure prise en charge des sinistrés de cette catastrophe naturelle n'a pas été respectée. Aujourd'hui, les habitants de ce village sont livrés à eux-mêmes. Les villageois, qui n'ont pas manqué de fustiger les élus locaux qui se sont succédé à la tête de l'APC pour leur passivité et indifférence totale, ont soulevé de nombreux problèmes auxquels ils font face quotidiennement. Constat : manque d'AEP, école fermée, manque de transport, absence d'éclairage public, manque de réseau d'assainissement, route impraticable mais aussi aucun réseau des trois opérateurs de téléphonie mobile n'est disponible. Lors de notre déplacement, nous avons constaté que plusieurs familles dorment toujours sous les tentes obtenues au lendemain du tremblement de terre du 22 février 2015. C'est le cas d'Abbas Chellali, un quadragénaire qui vit depuis plus de trois ans avec sa femme sous une tente. "Suite au séisme qui a frappé notre région, j'ai bénéficié d'une tente. Après, j'ai déposé un dossier au niveau des services municipaux de la commune de Aïn Azel pour bénéficier d'une aide financière afin de pouvoir réaliser un toit neuf. Malheureusement aucune suite n'a été donnée à ce dossier, et ce, en dépit de l'instruction de l'ex-wali d'accorder la priorité aux sinistrés du séisme", expliquera-t-il. Selon le président du bureau national de l'Association pour la promotion de la citoyenneté et des droits de l'homme, pas moins de 40 familles sinistrées ont été recensées lors du tremblement de terre de 2015. "40 tentes ont été distribuées sur ces familles pour passer une période courte en attendant une prise en charge réelle par les autorités locales suite aux instructions données par l'ex-wali, Mohammed Bouderbali. Une décision avait été prise d'accorder une aide financière dans le cadre de l'habitat rural pour ceux qui n'ont bénéficié d'aucun type de logement. Aussi, une enveloppe financière doit être débloquée pour la réhabilitation des habitations fissurées", ajoute Koussa Hachemi tout en indiquant que la situation de ces habitants n'a pas changé d'un iota depuis 2015. Sabri et Slimane, deux frères qui avaient bénéficié, eux aussi, des tentes tout en indiquant que ces tentes ont été endommagées dernièrement à cause de la pluie orageuse. Slimane garde toujours le bon de réception fourni par les services du parc de l'APC de Aïn Azel. Par curiosité, ce document a été lu par nous. Etait écrit sur ce document : "Je soussigné (...) je certifie que j'ai reçu une tente du parc de l'APC, et ce, suite au séisme qui a touché la région. Et je m'engage à la rendre dans le même état." Les familles de ces deux frères sont hébergées actuellement par leur frère Barghouth. Chaque famille occupe une seule pièce, nous dit-t-on. Les habitants interpellent encore une fois le wali d'intervenir pour accorder un quota de l'habitat rural aux sinistrés du séisme de 2015. L'école du village a été partiellement endommagée après le tremblement de terre. Des fissures centimétriques sont bien visibles. Les autorités locales ont décidé de la fermer. Cette décision a poussé de nombreux enfants à quitter les classes de l'école. Les autres qui ont accepté de poursuivre leur scolarité ont été orientés vers l'école du village de Tanout, situé à une dizaine de kilomètres. Selon les dires des citoyens, faute de transport, une centaine d'enfants ont, eux-aussi, abandonné les cours les uns après les autres. "Moi, j'ai arrêté mes 4 enfants âgés entre 9 et 14 ans à cause du manque de transport. Faire quotidiennement une dizaine de kilomètres à pied, c'est fatigant", nous dira Mustapha. Les travaux de réhabilitation de cette école sont à l'arrêt depuis deux ans, au grand dam des enfants et leurs parents. L'entreprise a soudainement disparu, dit-on. Nous avons rencontré des enfants qui ne savent ni lire ni écrire. La déperdition scolaire touche aussi les collégiens qui poursuivent leur scolarité au chef-lieu communal à cause de l'absence de transport. Le seul moyen de transport qui existe, une 404 bâchée à 100 DA la place, indique-t-on. Les chiffres de déperdition scolaire pour les filles mais aussi pour les garçons donnent froid dans le dos. Les autorités concernées doivent réagir le plutôt possible pour mettre fin à cette hémorragie. Un appel a été lancé par les villageois pour la réhabilitation de cette école afin de sauver les enfants de ce village de la délinquance.
AEP : un casse-tête pour les villageois Après plus d'un demi-siècle d'indépendance, on épilogue encore et malheureusement en Algérie sur le problème d'accès à l'eau potable (AEP). Le village de Tazila n'a toujours pas été raccordé au réseau d'AEP. Le seul et unique moyen de s'approvisionner en eau potable reste les citernes qui coûtent les yeux de la tête pour des villageois qui chôment à longueur d'année. En effet, les villages de Tazila et Tanout ont bénéficié d'un forage. Selon des informations en notre possession, les services de l'APC ont donné le 25 mars 2018 l'avis d'attribution provisoire pour la réalisation d'un réseau AEP au profit des villages de Tazila et Tanout avec un délai de réalisation de 6 mois. Cependant, l'entreprise n'a pas débuté les travaux de réalisation pour des raisons non connues. La grande majorité des villageois s'approvisionnent en eau potable à partir des puits dont la qualité d'eau laisse à désirer. "Personne ne sait si l'eau de ces puits creusés depuis longtemps est propre à la consommation. Ce puits a été creusé depuis 130 ans, c'est ce que nous disent souvent les personnes les plus âgées de ce village", nous révèle un habitant, la cinquantaine. Pour d'autres, ils font la commande de la citerne auprès du parc de l'APC. Une citerne-tracteur vaut 250 DA et une citerne-camion 400 DA. "J'ai payé mon bon de commande depuis 20 jours. On m'a dit que le tracteur est en panne. Je ne sais pas si mon attente va encore perdurer", précisera Baïtiche, la soixantaine. Les propriétaires privés de citernes ambulantes exigent un prix de 1500 DA l'unité, indique-t-on. Les habitants de ce village sont obligés de ramener de l'eau pour leur bétail. La plupart des villageois ont abandonné l'activité agricole à cause de la sécheresse qui a frappé cette région riche en nappes phréatiques, selon les connaisseurs de cette région. Aussi, ce village n'a jamais été doté d'un réseau d'évacuation des eaux usées. Des citoyens utilisent des fosses septiques à défaut de réseau d'assainissement. Les villageois dénoncent le non-achèvement du tronçon routier reliant l'école au village. A. L.