Ni le refus des partis du pouvoir de reconnaître l'existence d'une crise politique, ni les initiatives du FLN pour "parasiter l'idée du consensus", ni le manque d'adhésion des partis de l'opposition ne semblent dévier le MSP de sa trajectoire de continuer à proposer son "initiative de consensus national". Le président du MSP, Abderrezak Makri, qui a rencontré les journalistes hier à Alger, s'est dit satisfait des résultats engrangés par l'initiative politique lancée par son parti depuis quelques mois déjà. Expliquant dans le détail l'initiative politique qui vise à "faire sortir le pays de la crise" notamment économique et sociale, Makri a précisé que son parti a fait des concessions de sorte à "lever" toutes "les craintes" liées à l'appartenance idéologique du parti. D'ailleurs, dans un chapitre intitulé "principes et codes" qui devront guider cette initiative, le MSP a inscrit l'obligation de respecter toutes les spécificités idéologiques et politiques comme préalable à tout parti politique ou personnalité souhaitant participer au "consensus national". Parmi les "concessions", figure celle liée au renvoi explicite au régime républicain et démocratique comme un des principes sur lesquels le dialogue autour du "consensus" aura lieu. Le parti islamiste ne veut pas non plus évoquer un quelconque rôle de l'armée, se contenant de parler d'un Etat civil, tout en plaidant, dans un autre chapitre, pour que les "institutions de l'Etat algérien" doivent "concrétiser et accompagner le consensus national". S'il dit être ouvert à toute proposition, Makri a exclu toute initiative qui vise à reconduire Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat. "L'idée du 5e mandat est contraire à notre proposition du consensus", a expliqué Makri qui dit "vouloir éviter" des "mots durs" contre certaines parties du pouvoir. "Nous voulons être clairs : la situation est tellement grave et dangereuse qu'il faut, pour notre pays, un président qui parle, qui s'adresse au peuple et qui est présent", a-t-il indiqué en référence à l'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika. "Si notre pays était régi par le régime parlementaire, l'actuelle situation du chef de l'Etat ne constituerait pas réellement un problème. Mais nous sommes dans un système présidentiel où même le secrétaire général d'une commune est nommé par le président de la République !", a-t-il rappelé. Il a, par ailleurs, regretté le lancement, par le FLN, de l'initiative d'un "front populaire", projet qu'il estime être "une tentative" de "parasiter" l'initiative de son parti. En revanche, Makri estime que le rôle de la CLTD, la Coordination nationale pour les libertés et une transition démocratique, est arrivé à sa fin. "Les raisons qui ont présidé à cette initiative ont été dépassées", a indiqué Makri qui estime que l'initiative de consensus national "donne plus de place aux partis". Cela a donné à son parti "des libertés" qu'il n'a pas pu se permettre dans le cadre de la CLTD et de l'Isco, l'Instance de suivi et de coordination de l'opposition. S'il dit qu'il est conscient que l'initiative de consensus national n'aboutira probablement pas avant l'élection présidentielle de 2019, Abderrezak Makri promet de revenir à la charge après cette échéance. "Il n'y a pas d'autre issue de sortie de crise", a-t-il insisté. Ali Boukhlef