Il faut probablement remonter à plusieurs mois, soit au mois de février dernier avec la visite du président turc pour trouver "trace" des "activités diplomatiques" du président de la République. La coïncidence et l'annonce simultanées ne semblent avoir rien d'anecdotique : alors qu'il recevra ce lundi la chancelière allemande, Angela Merkel, en visite en Algérie, Abdelaziz Bouteflika s'est entretenu, jeudi par téléphone, avec le président français, Emmanuel Macron. Initialement prévue en février 2017, avant d'être reportée à la dernière minute en raison "d'une bronchite aiguë" du chef de l'Etat, la visite de la chancelière allemande sera marquée par une entrevue avec Bouteflika et des entretiens avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a indiqué, jeudi en soirée, la présidence algérienne dans un communiqué rendu public. Mme Merkel animera également une conférence de presse conjointe avec Ahmed Ouyahia dans laquelle elle évoquera notamment diverses questions liées aux relations algéro-allemandes, ainsi que les questions d'intérêt commun, selon le texte. Avec Macron, il aurait été question des relations bilatérales "marquées du sceau du partenariat stratégique", ainsi que de la situation au Mali et en Libye, a annoncé un communiqué de la présidence de la République. Cet échange entre les deux présidents, "qui s'inscrit dans la tradition de concertation entre les deux chefs d'Etat, a porté sur les relations algéro-françaises marquées du sceau du partenariat stratégique dans tous les domaines, ainsi que sur la situation dans la région, notamment en Libye et au Mali", selon le texte de la Présidence algérienne. Il faut probablement remonter à plusieurs mois, soit au mois de février dernier avec la visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour trouver "trace" des "activités diplomatiques" du président de la République, si l'on excepte bien évidement les "échanges épistolaires" avec des partenaires étrangers, dont les médias publics en font l'écho régulièrement. Au niveau interne, le président Bouteflika a effectué deux sorties dans l'Algérois en avril et mai derniers pour procéder à l'inauguration de la mosquée restaurée de Ketchaoua, la zaouïa Belkaïdia sur les hauteurs d'Alger et pour inspecter l'état d'avancement des travaux de la Grande mosquée d'Alger. Mais depuis, il s'est presque effacé. Il fallait attendre fin août dernier pour que la présidence de la République annonce son déplacement à… Genève, mais pour des "contrôles médicaux". Officiellement, il s'agissait d'un contrôle de routine, mais pour une partie de l'opinion, ce séjour helvétique, en pleine polémique et tempête médiatique autour du retour du choléra, suggérait une détérioration de son état de santé. Des rumeurs malveillantes, relayées par les réseaux sociaux, le donnaient même pour mort. Et c'est parce que les spéculations allaient bon train sur son intention à briguer un nouveau mandat, d'autant que ses nombreux soutiens l'y ont exhorté, en entamant déjà ce qui s'apparente à une précampagne avant l'heure, que son déplacement en Suisse avait focalisé l'intérêt des observateurs. En invitant aujourd'hui officiellement la chancelière allemande et en s'entretenant avec Emmanuel Macron, soit deux leaders mondiaux, avec ce que cela suggère comme symbolique, Abdelaziz Bouteflika ou son cercle entendent visiblement délivrer le message selon lequel la cause du cinquième mandat est désormais entendue. Karim K.