Les négociations sont menées avec notamment l'italien ENI et le français Total pour la réalisation du pôle pétrochimique de la compagnie nationale. Objectif : exporter des produits pétrochimiques à forte valeur ajoutée que de la matière brute. La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, mise sur le développement de son pôle pétrochimique pour améliorer ses revenus tirés des exportations de pétrole et de gaz. L'un des axes de sa stratégie 2030 qui vise à engranger 68 milliards de dollars supplémentaires d'ici cette échéance s'avère être la pétrochimie. Lors du point de presse organisé mercredi dernier à l'issue de la cérémonie de lancement des travaux d'extension du gazoduc Pedro Duran Farell reliant l'Algérie à l'Espagne, le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour a insisté sur ce point. "L'objectif de Sonatrach n'est pas d'exporter du gaz naturel en tant que matière première mais de le transformer en produit pétrochimique. Si tu vends du gaz, tu gagnes 1 dollar, si tu le transformes en produit pétrochimique, tu gagnes dix fois plus. Ce qui est excitant dans la stratégie 2030 est le développement de la pétrochimie. Nous visons à exporter des produits pétrochimiques au lieu d'exporter du gaz naturel. Mais nous continuerons aussi à honorer nos contrats de vente de gaz avec ENI, Enel, Total et les autres clients. En ce sens, nous allons signer un contrat avec Total dans les prochains mois pour la réalisation du complexe de polypropylène à Arzew et nous sommes en discussion avec les Turcs pour la réalisation dans ce pays d'une usine de polypropylène d'une capacité de 400 000 tonnes/an". Cependant le programme de développement de la pétrochimie accuse un énorme retard. Sonatrach était en 2007-2008 sur le point de signer avec de grands groupes internationaux la réalisation de projets importants comme celui de vapocraquage d'éthane, de méthanol et de polypropylène. Cet élan a été bloqué en 2009. Avec le scandale de 2010, ces projets ont été mis sous le coude. En 2015, les discussions ont repris avec Total et ENI sans que ces négociations aient abouti à la conclusion d'accord. Aujourd'hui, les négociations sont bien avancées avec Total pour la réalisation du complexe d'Arzew. Un projet d'un coût estimé à 1 milliard de dollars, selon une source sûre. De façon plus précise, le plan de développement de Sonatrach 2019-2023 prévoit la réalisation en partenariat de 4 projets pétrochimiques : celui de production de polypropylène à Arzew, le complexe de téréphtalique acide et de polyéthylène à Skikda, le complexe de vapocraquage d'éthane à Arzew, le complexe de méthanol à Arzew. En effort propre, Sonatrach projette la réalisation d'une unité d'éthylène à Skikda, d'un complexe de production de benzène et d'une unité de MTBE à Arzew. En raison de limites financières et de capacité d'absorption, Sonatrach fixe des priorités dans la réalisation de ses projets pétrochimiques dans le cadre de son programme de développement. Dans ce plan, une enveloppe de 8,6 milliards de dollars est consacrée aux investissements dans le raffinage et la pétrochimie. Pour l'heure, le complexe de polypropylène d'Arzew constitue la priorité de son programme de développement au cours des cinq prochaines années. Mais, il faudra attendre cinq à dix ans pour que se développe de façon significative ce pôle pétrochimique et qu'il participe, avec l'augmentation des exportations d'hydrocarbures, à engranger 68 milliards de dollars de dollars de revenus supplémentaires à cette échéance. K. Remouche