Même si les trois Algériens condamnés dans cette affaire (Bedjaoui, Habour et Ouraied) ne se sont pas présentés à la justice italienne, le juge a émis à leur encontre des mandats d'arrêt internationaux. Au moins trois Algériens ont été condamnés, hier, par le tribunal de Milan, en Italie, à de lourdes peines de prison dans l'affaire des pots- de-vin versés par la société italienne Saipem pour obtenir des marchés en Algérie. Le premier, Farid Bedjaoui, le neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, soupçonné d'avoir touché les pots-de-vin en contrepartie de facilitations pour l'obtention de marchés en Algérie en faveur de Saipem, a écopé d'une peine de 5 ans et 5 mois d'emprisonnement. Son compatriote Samir Ouraied a écopé, lui, de 4 ans et 1 mois d'emprisonnement. La même peine qu'Omar Habour, un homme très proche de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. Mais, les trois Algériens ne se sont pas présentés à la justice italienne qui a émis à leur encontre des mandats d'arrêt internationaux. Côté italien, les sentences prononcées par le juge milanais prouvent, en effet, que les dirigeants de la société italienne Saipem ont bel et bien versé des pots- de-vin pour obtenir des marchés en Algérie. C'est pour cela que l'ancien P-DG de Saipem, Pietro Tali, s'est vu infliger une peine d'emprisonnement de 4 ans et 9 mois. De son côté, l'ex-directeur de Saipem en Algérie, Pietro Varone, a été condamné à 4 ans et 9 mois de prison et l'ex-directeur financier de Saipem puis d'ENI, Alessandro Bernini, 4 ans et 1 mois de prison. En revanche, l'ancien P-DG d'ENI, la maison-mère de Saipem, a été acquitté, le tribunal estimant qu'il n'était pas au courant des faits. En outre, Saipem a été condamnée pendant ce procès en première instance à une amende de 400 000 euros et à la confiscation - en lien avec les autres condamnés - de 197 millions d'euros, considérés comme la valeur du pot-de-vin versé. En attendant le procès en appel dont la date n'a pas encore été communiquée, les avocats de la défense, notamment celui de Farid Bedjaoui, tentent de nier les faits. Marco De Luca a rappelé lors des plaidoiries que son client n'a touché que des "rémunérations" de la part des autorités algériennes en sa qualité de "consultant". "Il n'y a aucune preuve dans le dossier qu'un sou soit allé à un responsable public algérien", a-t-il déclaré. Lors de son réquisitoire du mois de février dernier, le procureur du tribunal de Milan avait indiqué qu'"il y a un groupe criminel organisé avec une composante franco-algérienne et de l'autre, une structure organisationnelle" à l'intérieur d'ENI et de Saipem. Il avait évoqué des "éléments de preuve", en particulier des versements, pour des activités fictives, à la société de M. Bedjaoui, Pearl Partners, dont le siège est à Hong Kong. Selon lui, ces pots-de-vin étaient un "carton d'invitation payé par Saipem pour évincer ses adversaires" et s'assurer "les faveurs du ministre (...) Khelil et sa protection au moment des appels d'offres". S'il est cité dans toutes les étapes de l'enquête, l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, n'a jamais été inquiété. Lui, qui était également P-DG de Sonatrach lorsque la société italienne Saipem avait obtenu des marchés dont les montants sont estimés à 8 milliards de dollars, n'est pas cité par la justice italienne, ne serait-ce que comme témoin. En Algérie, les poursuites entamées contre lui par le Tribunal d'Alger en 2013 avaient été abandonnées deux ans plus tard ! Ali Boukhlef