Le groupe pétrolier italien Saipem était au courant de pots-de-vin versés à des intermédiaires pour remporter des contrats en Algérie représentant 8 milliards d'euros, a annoncé un tribunal de Milan dans un arrêt détaillé rendu mardi dernier. Saipem n'a pas effectué de «contrôles corrects sur les intermédiaires» dans le processus de candidature pour remporter les contrats de gaz algériens, ont indiqué les juges. Le groupe italien a refusé de commenter l'information rapportée par Reuters. Il a précédemment nié tout acte répréhensible, ajoute la même source. En septembre dernier, l'ancien PDG de Saipem, Pietro Tali, et la société ont été reconnus coupables d'avoir versé environ 198 millions d'euros à des intermédiaires pour passer des contrats avec Sonatrach de 2007 à 2010. Au cours de ce procès trois Algériens ont été condamnés, par contumace, (Bedjaoui, Habour et Ouraied) et le tribunal de Milan a émis à leur encontre des mandats d'arrêt internationaux. Le premier, Farid Bedjaoui, le neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, soupçonné d'avoir touché les pots-de-vin en contrepartie de facilitations pour l'obtention de marchés en Algérie en faveur de Saipem, a écopé d'une peine de 5 ans et 5 mois d'emprisonnement. Son compatriote Samir Ouraied a écopé, lui, de 4 ans et 1 mois d'emprisonnement. La même peine qu'Omar Habour. Côté italien, les sentences prononcées par le juge milanais prouvent, en effet, que les dirigeants de la société italienne Saipem ont bel et bien versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés en Algérie. C'est pour cela que l'ancien P-DG de Saipem, Pietro Tali, s'est vu infliger une peine d'emprisonnement de 4 ans et 9 mois. De son côté, l'ex-directeur de Saipem en Algérie, Pietro Varone, a été condamné à 4 ans et 9 mois de prison et l'ex-directeur financier de Saipem puis d'ENI, Alessandro Bernini, 4 ans et 1 mois de prison. En revanche, l'ancien P-DG d'ENI, la maison-mère de Saipem, a été acquitté, le tribunal estimant qu'il n'était pas au courant des faits. En outre, Saipem a été condamnée pendant ce procès en première instance à une amende de 400 000 euros et à la confiscation - en lien avec les autres condamnés - de 197 millions d'euros, considérés comme la valeur du pot-de-vin versé. Marco De Luca, l'avocat de Bedjaoui, a rappelé lors des plaidoiries que son client n'a touché que des «rémunérations» de la part des autorités algériennes en sa qualité de «consultant», affirmant qu'«il n'y a aucune preuve dans le dossier qu'un sou soit allé à un responsable public algérien». Pour rappel, et en vertu de la loi italienne, les entreprises sont responsables des actes de leurs dirigeants et peuvent être condamnées à une amende si elles sont déclarées coupables. En février, Sonatrach a signé un accord avec Saipem afin de mettre fin aux litiges juridiques concernant quatre projets gaziers. Par ailleurs, Saipem dispose maintenant de 45 jours pour interjeter appel.