Selon des témoins, les affrontements, d'une rare violence, entre gendarmes et manifestants, ont fait plusieurs blessés dans les deux camps. Hier, Alger était une ville inaccessible. Les accès, notamment l'entrée Est, ont été barricadés par des dispositifs de sécurité impressionnants. Victimes collatérales, des travailleurs, des étudiants ou de simples citoyens ont été bloqués pendant plusieurs heures dans d'interminables embouteillages. Par où l'on venait, de Rouiba, de Dar El-Beïda ou de Bab Ezzouar, c'était le même calvaire. Aux abords de la voie express qui mène de Boumerdès vers Alger, des dizaines de véhicules anti-émeutes de la gendarmerie, pleins de gendarmes fortement équipés et prêts à charger, étaient stationnés tout au long de la journée. Dans le ciel, des hélicoptères tournoyaient. Un vrai climat de guerre. Ce déploiement massif d'hommes et de moyens était pour éviter la marche des anciens de l'ANP, entre invalides et radiés, dans Alger. Ils étaient quelque 3 000 personnes (chiffre fourni par les protestataires) à camper, depuis une semaine, aux abords de la capitale, espérant pouvoir tromper la vigilance des dispositifs de sécurité et parvenir enfin à marcher sur le ministère de la Défense nationale. Hier, ils se sont rassemblés très tôt à plusieurs endroits, sur différents axes routiers, allant de Benchoubane, dans la commune de Rouiba, à Dar El-Beïda, à quelques encablures de l'aéroport international d'Alger. Et c'est au niveau de la bretelle de l'autoroute vers Bab Ezzouar que les marcheurs ont été stoppés dans leur élan. Selon des témoins, les affrontements ont été d'une rare violence entre gendarmes et manifestants. Les "militaires en fonction", comme les appellent certains protestataires, ont usé de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, déterminés malgré la fatigue et le handicap de certains d'entre eux. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent, en effet, la violence des affrontements entre les deux parties. Ce n'est que vers la mi-journée que le calme est revenu. À notre arrivée sur les lieux, il ne restait que les camions de gendarmes stationnés aux abords des routes et même dans certaines localités environnantes. C'est le cas de Khemis El-Khechna où les gendarmes ont pris position à côté d'un barrage routier dressé sur l'axe de l'autoroute Boudouaou-Zéralda. Pour parvenir à stopper la progression des manifestants, les gendarmes ont utilisé, en plus de la matraque, les gaz lacrymogènes, obligeant les manifestants à se replier vers les champs attenants à l'autoroute. Des blessés ont été enregistrés des deux côtés. Des images de visages ensanglantés ont été diffusées sur le Net. Ces affrontements ont causé des désagréments aux usagers de l'autoroute et des routes qui voulaient se rendre à Alger. Certains automobilistes ont témoigné avoir passé 3 heures pour parcourir quelques kilomètres. En début d'après-midi, la circulation s'est peu à peu rétablie dans les deux sens. Mais les gendarmes et les policiers sont restés sur le qui-vive. Sur les axes routiers, une dizaine de barrages ont été dressés, rendant la circulation étouffante. Et rien ne semblait indiquer que les choses rentreront dans l'ordre dans les prochains jours. Les anciens militaires reviendront à la charge même s'ils disent avoir le sentiment qu'en provoquant des bouchons, les autorités veulent dresser la population contre eux. Ali Boukhlef