La parution de la version arabe la Politique nationale du livre, un guide pour le travail sur le terrain, de Alvaro Garzon, responsable du service livres et des industries culturelles pour l'Unesco, hier à la Bibliothèque nationale du Hamma, a été l'occasion de faire le point sur la situation du livre en Algérie. Une situation pas très réjouissante, vu le tableau sombre dressé par les professionnels sur les différentes étapes de la chaîne du livre. Déplorant le fait de ne pas avoir été associés à l'élaboration du texte de loi sur le livre, actuellement à l'étude au ministère de la Culture, les professionnels souligneront l'importance des textes juridiques pour impulser une dynamique dans le secteur du livre et donner un nouveau souffle à la lecture publique. Dans une lettre adressée aux professionnels du livre, Alvaro Garzon précise que même si son livre n'a aucune prétention littéraire, philosophique ou théorique bouleversantes, “Il se veut le témoignage d'une expérience de vingt ans de travail sur le terrain, autour de la conception et de la mise en place des politiques nationales de développement du secteur de l'édition et de la lecture”. Et parler de l'édition et de la lecture en Algérie c'est évoquer tout le marasme dans lequel se trouve le secteur du livre depuis longtemps. “Avec la collaboration de Avaro Garzon, nous, professionnels du livre, avons établi un avant-projet sur une politique du livre pour le compte du ministère de la Culture, à la suite des Premières assises du livre. Cet avant-projet a été remis au ministère, au 1er trimestre 2003, et, depuis, nous n'avons plus été consultés. Aujourd'hui, on parle d'un texte en élaboration au niveau de la tutelle, mais personne ne connaît la nouvelle mouture dans la mesure où les professionnels n'ont pas été associés à ce travail”, dira Radia Abed, présidente du Syndicat des professionnels du livre (SPL). Pour Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale, les problèmes du livre ne sont pas uniquement l'affaire du ministère de la Culture. “Le livre n'est pas l'affaire du ministère de la Culture seulement. Même si on salue l'ouverture du débat autour du livre, depuis 2002, et un regain d'intérêt pour le livre dans les médias, il n'en demeure pas moins que beaucoup reste à faire. Notre classe politique ne lit pas, ce qui fait que ces gens-là restent indifférents à la cause du livre, car, malheureusement, on entretient la culture de l'ignorance dans les institutions.” Amine Zaoui ne manquera pas de souligner l'ignorance qui règne dans nos universités. “L'Algérie, qui enregistrera, à la rentrée 2005-06, un million d'étudiants dans le supérieur, ne forme pas des étudiants, mais plutôt des gens qui sortent de l'université. L'ignorance ne touche pas seulement les étudiants mais, le plus dramatique, c'est que les encadreurs aussi ne lisent pas.” Amine Zaoui insistera sur la nécessité de renforcer le réseau des bibliothèques publiques et scolaires. De son côté, Fatiha Soual, présidente de l'Association des libraires (Aslia), insistera pour que la loi sur le livre ne soit pas un cadre juridique restrictif, mais un texte qui traduit l'engagement politique de l'Etat. La rencontre a eu lieu en présence M. Hadj Nacer, responsable du nouveau département livre au ministère de la Culture, à titre d'observateur. Wahiba L.