La politique nationale du livre : un guide pour le travail sur le terrain, de Alvaro Carzon vient d'être traduit du français à l'arabe et coédité par l'UNESCO et le Syndicat des professionnels du livre (SPEL). A cette occasion, une présentation de l'ouvrage, en présence de représentants du secteur, a été organisée, hier, à la Bibliothèque nationale du Hamma. Dans un message lu en français et en arabe, par Radia Abed (présidente du SPEL) et Assia Moussei (membre du SPEL et traductrice de l'ouvrage), l'auteur, qui n'a pu se déplacer, a tenu à préciser que son texte ne « ne contient pas de pensée philosophique ni de théorie bouleversante sur le livre ». Alvaro Carzon précise que le plus grand mérite de son ouvrage est « d'avoir établi une espèce de radiographie simple et linéaire de cette problématique », d'une part, et, d'autre part, « de proposer une méthode destinée à guider ceux qui s'engagent sur le sentier d'une politique globale du développement » de ce secteur. Pour lui, cet ouvrage est « le témoignage d'une expérience de 20 ans de travail sur le terrain autour de la conception et de la mise en place des politiques nationales de développement du secteur de l'édition et de la lecture ». La lecture. Voilà le point obscur de notre société. Cette rencontre a été de ce fait une occasion de plus pour revenir, en long et en large, sur la question. Pour Radia Abed, près de trois ans après les premières assises du livre qui ont eu lieu en septembre 2002, peu de recommandations ont été prises en charge : elles étaient au nombre de 40 et seules quelques-unes ont été menées à terme. Pour elle, les priorités d'aujourd'hui ne peuvent se réaliser sans l'aide des gouvernants. En perspective : la création d'un observatoire du livre et la production de données statistiques fiables et objectives, en premier lieu. Puis, le renforcement des relations entre les professionnels du secteur, le maintien de la formation continue pour tous les métiers du livre et la contribution à la rédaction au texte de loi qui est actuellement en préparation au ministère de la Culture. Le directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, a pour sa part résumé la situation avec franchise et éloquence. Son réquisitoire concerne autant les professionnels du secteur que les lecteurs, ou leur absence, devrait-on dire. « S'il n'y a pas une véritable définition des prérogatives de l'éditeur, de l'imprimeur et du diffuseur » rien ne changera, car « nous n'avons pas de véritables éditeurs », se plaint-il. La culture de la lecture est en danger. « L'ignorance vient de l'université. En septembre, nous avons 1 million d'universitaires, combien d'entre eux lisent ? 2000 au maximum ! », dit-il. Pour lui, il est urgent de reconsidérer la lecture au sein des lieux de savoir, de rouvrir les bibliothèques municipales et de revoir le statut de celles qui existent déjà. Faire en sorte que les écoles aient leur propre bibliothèque, avec les ouvrages qu'il faut. Bref, pour Amine Zaoui, il y a beaucoup à faire encore et il faut réunir de nombreuses conditions pour que la situation évolue réellement. Et pour conclure : « La presse écrite et les radios aident beaucoup, mais que fait la télévision ? Donnez-moi 30 secondes quotidiennement, à 20h, et je vous fais un peuple qui lit. »