Même si l'attaque du 11 septembre 2001 semble avoir provoqué, aux yeux de certains observateurs, ce qui est communément appelé de “choc des civilisations”, des éminences grises dans la pensée religieuse estiment toutefois possible le dialogue entre les religions, particulièrement entre l'Islam et l'Eglise catholique. Invité hier du Forum du quotidien gouvernemental El Moudjahid, lors d'un débat avec l'ancien ministre et chercheur Mohamed El-Mili, l'archevêque d'Alger, Mgr Henri Teissier a indiqué, concernant l'Algérie, que le climat est propice à un dialogue islamo-chrétien. Ce dialogue inspiré des orientations du concile Vatican II daté de 1965 et du défunt Jean-Paul II dont le célèbre discours tenu au Maroc en 1985, est visible, selon Mgr Teissier, à travers le travail effectué par les religieuses dans les hôpitaux et les centres sociaux. “C'est un travail qui se fait dans le respect de l'autre et de ses croyances”, a-t-il précisé. “C'est un exemple à suivre et à encourager”, a-t-il ajouté. Sur un autre plan, il a expliqué que des rencontres se déroulent avec le Haut-Conseil islamique (HCI), plus haute autorité religieuse du pays, et que, par ailleurs, des débats ont souvent eu lieu entre des savants d'El-Azhar (Egypte) et des savants de l'Eglise catholique sur des sujets qu'ils auront choisis au préalable. Pour sa part, Mohamed El-Mili, s'il concède que le “dialogue est possible” puisque, selon lui, le Coran ne s'y oppose pas, n'en pense pas moins que l'entreprise est difficile en raison de l'absence d'un clergé ou d'une autorité de référence dans l'Islam sunnite, majoritaire en Algérie. En guise d'arguments, il invoque la prolifération des “pseudo-imams”, presque “illettrés”, dit-il, qui avaient émis des “fetwas” durant la décennie écoulée pour condamner de nombreuses personnes dont des intellectuels. Evoquant certaines figures religieuses algériennes connues pour leur ouverture d'esprit à l'image de Ibn-Badis, l'ex-ministre a suggéré toutefois qu'“il est nécessaire d'abord un dialogue intérieur”. “Le dialogue intérieur est nécessaire avant le dialogue avec l'autre”, a-t-il dit. Dans ce contexte, il a jugé le wahhabisme “fermé au dialogue” et, qu'à ses yeux, “El-Azhar ne peut constituer une référence”. KARIM KEBIR