La porte-parole du parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a déclaré, hier, que “le dernier remaniement ministériel a sans doute été dicté par des contradictions au sommet”, avant d'ajouter qu'“en tout état de cause, le chef de l'état n'a pas changé l'équipe au gouvernement juste pour la changer” et que ce remaniement “a forcément un contenu politique”. Mme Hanoune s'exprimait ainsi devant la presse après un débat général entamé, jeudi, au sein du Comité central du PT sur les questions d'intérêt national et international. Interrogée sur l'interprétation qu'il convient de donner aux déclarations du chef de l'état à Lisbonne où il évoquait “des entraves” qu'il rencontrerait dans la mise en œuvre de son projet de “réconciliation nationale”, la porte-parole du PT ne s'en est pas montrée étonnée. Selon elle, les changements, intervenus à la tête de certains portefeuilles ministériels le 1er mai dernier, sont le signe évident que le pouvoir n'est pas exempt de contradictions, les plus en vue étant celles qui s'expriment souvent entre les différents partis de l'alliance présidentielle (FLN, RND et MSP). Même si elle insiste sur la “neutralité”, voire “l'indifférence” du PT quant aux positions des autres partis, ceux au pouvoir comme ceux de l'opposition, elle n'en trouve pas moins “étrange” qu'un parti (ou un autre) de l'alliance présidentielle critique l'action du gouvernement, sans même respecter l'obligation de réserve. Revenant aux “entraves” évoquées par Abdelaziz Bouteflika au Portugal, Mme Hanoune a rappelé avoir crié, durant la campagne de la dernière élection présidentielle, au “danger de dislocation de la Nation”. Elle estime, aujourd'hui, que ce danger-là “n'est pas définitivement écarté” et qu'il est, désormais, urgent que le chef de l'état admette comme incontournable “l'ouverture des champs politique et médiatique, notamment les médias lourds” et que cette ouverture s'accompagne d'une reconnaissance des droits et libertés, dont “le droit à l'autonomie des syndicats et la liberté d'expression”. Elle a enfin tenu à apporter quelques mises au point sur des attaques dont son parti a fait l'objet ces derniers temps. Les premières répliques s'adressent à Amara Benyounès, le chef de l'UDR, qui, d'après elle, “ne cesse de s'en prendre au PT, allant jusqu'à appeler à nous réprimer et même à reprocher à la presse de couvrir nos activités”. Mme Hanoune l'accuse de faire “des propositions alléchantes” à des militants du PT en vue de les recruter. “Nous lui disons qu'il faut être patient pour construire un parti, que tous les partis ne naissent pas comme le RND et qu'il ne devrait pas paniquer puisqu'il a apparemment beaucoup de moyens”. Elle a enfin évoqué le cas des deux ex-députés de son parti qui ont “détourné le contrat qui les liait au PT et à leurs électeurs”, et qu'elle invite à rendre leur mandat. Farouk Lekhmici