«L'armée algérienne n'ira pas désarmer l'Irak. On refuse de passer pour des supplétifs.» Louisa Hanoune a usé de toutes les théories pour comprendre l'attitude de «non-position», adoptée par les dirigeants arabes vis-à-vis de la guerre de Bush contre l'Irak. Pour cela, le porte-parole du Parti des travailleurs n'a pas hésité, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, à tirer à boulets rouges sur les régimes arabes, qui «en plus de la mauvaise gouvernance, empêchent, à travers l'état d'urgence, leur peuple de s'exprimer même sur les questions de principe». En insistant sur un terme qu'elle affectionne jalousement comme par nostalgie «le cadre national des Etats», Mme Hanoune, comme pour intervenir dans les pensées des dirigeants arabes au sommet prévu le mois prochain, a violemment critiqué la proposition circulant dans les couloirs de la Ligue arabe relative à l'envoi de troupes arabes pour désarmer «fraternellement» l'Irak. A ce propos, sans citer nommément le pays d'origine de cette proposition qui s'apparente à un ballon-sonde, le porte-parole du PT a déclaré que «l'armée algérienne n'ira pas à Bagdad (...)». «Nous refusons de passer pour des supplétifs», a-t-elle conclu sur un ton amer. C'est sur la base de cette proposition que Louisa Hanoune a, d'ailleurs, prédit l'échec du prochain sommet des dirigeants arabes prévu le mois prochain. «Si entre-temps, il n'est pas fini». En effet, pour la porte-parole du PT, «de la non-position résulte le non-consensus. Sous cette optique, il n'y a que le changement des politiques internes des régimes arabes qui mettra fin au diktat américain, poussé par les multinationales», a-t-elle conclu. Visiblement irritée par la réunion des chefs de la diplomatie des pays arabes, Mme Hanoune est allée loin dans sa position hostile à la politique arabe en prédisant un non-consensus dans l'application des résolutions issues du sommet arabe. Elle a expliqué dans la même lancée qu'avant la guerre de Bush contre Bagdad il y avait un embargo qui «était d'abord un embargo arabe par l'isolement, avant d'être américain». Etant le seul parti politique à avoir organisé une marche contre la guerre en Irak, le PT trouve, à travers les déclarations de sa porte-parole, que les «longues années de répression pour réduire au silence la parole du peuple n'ont pas atteint la conscience des Algériens». Selon Mme Hanoune, l'Algérie n'a pas dérogé à la règle arabe à travers sa position vis-à-vis de la guerre: «Les Algériens ont tous hâte d'exprimer courageusement leur grogne contre l'ivresse de puissance de Bush». Cette politique, selon Louisa Hanoune, est suicidaire, car, a-t-elle dit: «La nouvelle guerre contre l'Irak est une troisième guerre mondiale dont l'objectif est non seulement de changer la carte géopolitique du Moyen-Orient, mais de tout le monde arabe». A ce titre, elle a appelé à une mobilisation de toutes les classes algériennes pour un principe «qui fait le consensus à l'échelle planétaire, selon les sondages». «C'est une question d'honneur», a-t-elle rétorqué. Le combat contre le diktat américain commence, selon la porte-parole du PT, par la résistance aux politiques économiques dictées par le Fonds monétaire à travers les privatisations et l'instauration des zones franches qui n'ont, pour objectif, que de détruire la souveraineté des Etats et des peuples. Hormis le PT et le MNR de Djaballah, aucun parti n'a essayé de mobiliser une marche, encore moins d'organiser un meeting contre la guerre en Irak. Contrairement à 1991, la majeure partie des états-majors s'est contentée d'adresser par fax des communiqués sans une position franche aux rédactions. Cependant, d'autres n'ont même pas pris la peine d'aborder le sujet. Un constat relevé d'ailleurs par Louisa Hanoune qui a, toutefois, critiqué cette attitude en appelant à la mobilisation de la classe intellectuelle et travailleuse.