Sans gouvernement depuis le 6 mai 2018, le Liban risque d'attendre encore pour voir le cabinet de Saad Hariri formé. L'annonce de la constitution du nouveau gouvernement libanais, que Saad Hariri prévoyait dans un délai de dix jours, risque d'être repoussée, ont rapporté les médias locaux. Le dernier facteur de blocage est la déclaration du cheikh Hassan Nasrallah, qui a refroidi les ardeurs des uns et des autres en rappelant à Saad Hariri la nécessité d'intégrer les députés sunnites pro-syriens au gouvernement. "Il est vrai qu'un important progrès a été enregistré. Mais il vaut mieux éviter de fixer des délais (pour la mise sur pied du cabinet) dans la mesure où certains obstacles pourraient surgir. Ils n'ont pas été pris au sérieux dans un premier temps, et sont liés à certains protagonistes", a affirmé le patron de ce mouvement chiite libanais, dont nul n'ignore l'influence sur la scène politique de ce pays. Selon les différents médias libanais, les proches du Premier ministre désigné assurent que ce dernier ne cédera pas à la pression du Hezbollah. Saad Hariri refuse catégoriquement qu'un des députés sunnites ne gravitant pas dans l'orbite de son parti, le Courant Futur, fasse partie de son prochain cabinet, car il s'agit en réalité, selon lui, d'alliés du mouvement chiite. L'optimisme serait toutefois toujours de mise chez Saad Hariri et Michel Aoun, lesquels, selon des confidences de sources proches au quotidien l'Orient-le Jour, espèrent annoncer le prochain gouvernement au retour du président de la chambre des députés Nabih Berri. D'autres sources plutôt sceptiques, d'après la même publication, estiment que l'annonce ne pourrait pas intervenir ce week-end mais mercredi prochain. Ceci étant, il semble qu'il ne reste que la désignation des ministères à attribuer aux personnalités retenues comme membres du cabinet. On apprend ainsi que le nœud du ministère de la Justice, qui est la visée de nombreuses parties, a été dénoué. Ce département ne sera pas attribué aux Forces libanaises, le parti dirigé par Samir Geagea, mais au candidat de la présidence de la République. Ainsi, alors que le président libanais et son Premier ministre désigné peaufinaient les derniers détails avant de le rendre public, la formation d'un nouveau gouvernement libanais reste l'otage de pressions internes et externes, quant à la place qu'occuperait le Hezbollah au sein de l'Exécutif. Saad Hariri fait l'objet de pressions extérieures, notamment américano-saoudiennes, voire mêmes israéliennes, pour réduire au maximum la présence du Hezbollah et de ses alliés dans son cabinet. Mais tant que le mouvement chiite Hezbollah n'a pas donné son assentiment à sa composition, le prochain gouvernement de Saad Hariri pourrait ne pas voir le jour avant longtemps. À noter toutefois que la Constitution libanaise est élastique quant aux délais pour la formation du gouvernement, et ne fixe pas de contraintes rigides. Merzak Tigrine