Le constat quant à la situation humanitaire au Yémen est sans équivoque pour le sous-secrétaire général de l'ONU, qui estime que c'est "la pire au monde". "Au moins 75% de la population, soit 22 millions de personnes, ont besoin d'une aide et de protection, dont 8,4 millions sont en situation d'insécurité alimentaire grave et dépendent d'un apport en nourriture urgent", constate le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock. C'est la conséquence des opérations militaires menées par la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite dans ce pays depuis mars 2015. Mohamed ben Salmane avait déjà annoncé la couleur en tant que vice-prince héritier, chargé de mener la guerre de l'Arabie Saoudite au Yémen en intensifiant la guerre. Et c'est son accession au statut de prince héritier d'Arabie Saoudite, que la situation a empiré au Yémen. Pour contrer le mouvement chiite des Houthis, qui contrôle de larges parties du territoire yéménite dans le nord du pays ainsi que la capitale Sanaa, la coalition arabe dirigée par Mohamed Ben Salmane ne recule devant rien pour rétablir au pouvoir le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le Yémen a sombré dans le chaos, et les Yéménites souffrent de la destruction des services de base, de la famine et d'une épidémie de choléra. Les raids aveugles de l'aviation de la coalition font des victimes civiles régulièrement. Marchés, mariages, voire même des obsèques, ont été leurs cibles. En d'autres termes, la coalition a transformé le Yémen en un amas de ruines. Et c'est ce que confirme le contenu du document datant du 18 octobre, qui a été remis aux quinze membres du Conseil de sécurité par Mark Lowcock. Ce denier précise que "dans le pire cas, ce chiffre de 8,4 millions pourrait augmenter de 5,6 millions, mettant le nombre total de personnes au Yémen en conditions de pré-famine à 14 millions". "La crise alimentaire au Yémen est directement liée au conflit qui sévit dans le pays", souligne le haut fonctionnaire des Nations unies. La même source souligne que pour le Yémen, "la plus vaste opération humanitaire est en cours", tout en indiquant que "plus de 200 partenaires apportent aide et protection via un plan humanitaire international". À cet égard, Mark Lowcock cite un prix de l'essence qui a augmenté de "45%" et un rial "qui s'est déprécié de 47% par rapport au dollar". "Depuis septembre, il a perdu 20% de sa valeur" et "l'impact de cette dépréciation affecte chaque famille au Yémen", a-t-il précisé. Pour rappel, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait indiqué le 16 octobre dernier craindre que jusqu'à douze millions de personnes puissent être touchées par la famine dans les mois à venir. Et pour faire face à la crise, Mark Lowcock insiste quant à la poursuite de dons généreux, qu'il juge capitale tout comme le maintien et même le développement des importations via tous les ports. En près de quatre ans, le conflit a fait près de 10 000 morts, selon l'ONU. Merzak Tigrine