Encore cinq victimes du terrorisme à Chlef. Ainsi, la semaine est bien bouclée après avoir commencé par le massacre de quarante-trois militaires à Batna. Au total, on n'est pas loin de la centaine de morts. Il ne s'agit pas, en faisant ce décompte, de verser dans l'arithmétique macabre, mais de s'arrêter simplement sur une réalité qui a tout l'air d'un véritable retour en force de la machine terroriste. Car, il faut bien le souligner, quand 43 militaires, qui plus est, éléments d'élite, sont massacrés, il y a lieu à tout le moins de s'inquiéter. Ce qui ne semble malheureusement pas être le cas des autorités qui font comme “la Belle au bois dormant”. Pas la moindre réaction de la grande muette, ni un quelconque commentaire des autorités politiques. À commencer par la présidence de la République désormais inscrite, tout autre affaire cessante, dans la perspective de la présidentielle. Le reste de la classe politique est à loger à la même enseigne, à l'exception notoire du CCDR, du MDS et du RCD qui n'ont pas laissé passer pour pertes et profits le coup de Batna. Cela étant, le silence gêné des officiels s'explique dans la mesure où cette brusque flambée du terrorisme, qui a frappé à l'Est et à l'Ouest, prend à revers tout l'échafaudage du pouvoir qui est le seul, avec ses relais médiatiques zélés, à croire à la thèse du “dernier quart d'heure du terrorisme”. Il y a quelques jours, au cours d'une réception organisée à l'école de police de Rouiba, M. Ali Tounsi répétait encore, sur un ton sentencieux, que les terroristes “n'ont pas d'autre choix que celui de se rendre aux forces de sécurité ou de se suicider”. Sans vouloir remettre en cause, loin de là, les efforts des forces de sécurité et de l'ensemble des patriotes engagés dans la lutte antiterroriste, de telles déclarations, en plus du fait qu'elles contribuent à une baisse de vigilance du citoyen, montrent de façon patente qu'il y a un net hiatus entre l'analyse de la situation sécuritaire et la réalité du terrain qui se conjugue, notamment cette dernière semaine, avec le retour des tueries massives. Comme aux pires années de la décennie rouge. Face à ce qui apparaît comme un redéploiement de l'hydre terroriste qui a eu toute latitude de se régénérer, se refaire une santé à l'ombre d'une amnistie qui absout les criminels, un seul mot d'ordre doit prévaloir : la remobilisation et la vigilance des forces de sécurité. Le discours anesthésiant sur la concorde a fait trop de victimes. Il s'agit désormais de changer de fusil d'épaule. R. N.