Dans la chaîne de solidarité mondiale dans la lutte antiterroriste, l'Algérie semble être le maillon faible. Quand bien même certains annoncent en fanfare l'entrée du pays dans une phase de sortie de crise, de prospérité et de paix, la réalité est là. Implacable. L'Algérie entame la nouvelle année dans le sang. Le terrorisme a encore frappé. Et de la plus monstrueuse manière. Les actions menées par les groupes islamiques armés, en ce début de semaine, à Biskra, à Blida, à Chlef et à Annaba, remettent en cause toutes les thèses qui ne cessent, depuis surtout trois ans, de tenter de faire admettre aux Algériens et à l'opinion internationale que grâce à la concorde civile, le pays a pu retrouver son calme et sa sérénité. On a beau épiloguer sur le nombre de terroristes toujours en activité qui, dit-on, recourent à des actes spectaculaires pour imposer leur diktat à la société, on ne peut désormais convaincre les citoyens que le danger que constitue le terrorisme pour l'Etat algérien n'est plus ce qu'il était au début des années 1990. Il faut le dire : l'heure est grave. Ne pas en prendre conscience est d'autant plus grave. Malheureusement, toutes les politiques menées jusqu'à ce jour n'ont fait que réunir les conditions pour que le laxisme dispute la place à la mobilisation. C'est vrai qu'on est loin du temps des grands massacres de civils, mais la mort de soldats de l'ANP ne mérite-t-elle pas autant de considération et d'attention ? Une tuerie comme celle qui a eu lieu à Biskra aurait, sous d'autres cieux, suscité une réaction immédiate des hauts responsables politiques et même de la société civile. Silence on tue. Les soldats fauchés par une horde intégriste aux ramifications internationales ont-ils alors eu tort de choisir comme métier de défendre le pays ? leurs vies ne valent-elles pas plus que celles des civils qui continuent, d'ailleurs, à subir les affres des GIA ? Depuis le début de la crise déjà, il y a comme une tendance à traiter sélectivement les victimes du terrorisme. La mort anonyme des éléments de l'ANP et des autres corps de sécurité est devenue tellement banale qu'elle n'émeut plus personne. Combien de soldats faut-il perdre pour que nos responsables prennent conscience de la gravité de la menace terroriste ? Depuis les appels à la résistance en 1993, et d'aucuns se souviennent certainement de la mobilisation à laquelle avait contribué même la télévision avec sa célèbre émission Ridjaloun ouaqifoune (des hommes debout), les seules actions politiquo-médiatiques contre le terrorisme, depuis notamment 1999, sont celles du renoncement. C'est ainsi qu'en faisant croire à la restauration de la paix civile aux quatre coins du pays, les Algériens, gavés de discours réconciliateurs, ont fini par céder au laxisme et à la démobilisation lesquels sont devenus, ces dernières années, par la grâce du président de la République, les piliers et les propulseurs d'une politique dangereuse. Celle qui cible aujourd'hui l'armée algérienne et à travers elle les fondements de l'Etat national. Les partisans de la compromission avec l'islamisme et ses bras armés, à l'étranger et ici même, qui mènent campagne contre l'ANP, en tentant de l'impliquer dans l'assassinat des moines de Tibhirine en 1996 ont vite eu le retour d'ascenseur. Les terroristes n'ont pas tardé à enchaîner en commettant contre les éléments de cette même ANP plusieurs attaques qui ne donnent pas du tout l'air d'être des actions disparates mais minutieusement planifiées avec la collaboration, selon une information parue dans notre édition d'hier, des membres de l'internationale terroriste. En somme, il n'y a que chez nous que la mobilisation planétaire, née après les attentats du 11 septembre 2001, contre ce phénomène, n'a pas encore produit d'effet. Dans la chaîne de solidarité mondiale dans la lutte antiterroriste, l'Algérie semble être le maillon faible. La propagande politique portant sur les vertus de la réconciliation nationale a réussi à inhiber toute capacité de résistance chez les Algériens. La situation ne pourrait pas être autre quand on sait que les ambitions personnelles l'emportent sur le souci du devenir de la nation. S. R. Le CCDR dénonce les massacres terroristes Dans un communiqué rendu public hier, le Comité des citoyens pour la défense de la République (CCDR) se déclare révolté par “la barbarie terroriste”. Réagissant aux derniers massacres intervenus à Batna, Blida et Chlef et qui se sont soldés par 60 morts, le CCDR souligne que “de jeunes militaires et des agents de l'ordre, défenseurs exposés et ciblés du pays, tombent dans de meurtrières embuscades comme si cela faisait partie d'un plan concerté contre l'ANP et les services de sécurité”. R. N. NACERIA (BOUMERDÈS) Une station-service attaquée La station-service, située à la sortie ouest de Nacéria, à proximité de la RN12, a fait l'objet, dans la nuit de dimanche à lundi, vers 23h, d'une attaque terroriste. Les assaillants, au nombre de sept, ont d'abord commencé par maîtriser les gardiens avant de placer une bombe artisanale dans le bureau où se trouve le coffre-fort de la station. La déflagration, d'une faible intensité et qui n'a fait que des dégâts matériels très faibles, n'a pas réussi à ouvrir le coffre métallique, mais la station a cessé toute activité. Après ce forfait, les sbires du GSPC ont pris la fuite vers les maquis environnants peu avant l'arrivée des forces de sécurité. R. H.