Les oncologues présents hier ont interpellé les pouvoirs publics sur l'urgence d'améliorer les conditions de l'activité de surveillance de cette maladie au niveau local. Au-delà de la nouvelle situation épidémiologique du cancer qui donne froid dans le dos, la quatrième réunion annuelle du Réseau national des registres du cancer tenue, hier à Alger, s'est caractérisée par l'appel urgent à la prise des décisions politiques de nature à améliorer la prise en charge thérapeutique de cette pathologie. Les dernières statistiques présentées par les registres du cancer de wilaya confirment la tendance croissante de cette maladie, aussi bien chez l'homme que chez la femme. Les oncologues ont ainsi confirmé la survenue, en 2016, de 41 900 nouveaux cas de cancer. Les cancers les plus répandus chez l'homme sont celui du côlon, du rectum, du poumon, de la prostate, de la vessie et de l'estomac. Ces cancers représentent au total plus de 9 900 nouveaux cas. Le cancer du sein vient en tête chez les femmes, avec 9 961 cas, suivi du cancer colorectal, de la thyroïde, du col utérin, soit un total de 14 900 nouveaux cas. Ces chiffres traduisent, dit-on, bien les limites de la stratégie actuelle face une maladie qui est en train de gagner du terrain dans la société algérienne, et ce, pour beaucoup de facteurs environnementaux. Cette pathologie, qui menace tout un chacun, constitue la "rançon du progrès" pour paraphraser le Pr Hammouda, coordonnateur du réseau régional centre et sud du pays. Les oncologues présents hier ont interpellé les pouvoirs publics sur l'urgence d'améliorer les conditions de l'activité de surveillance de cette maladie au niveau local. Laquelle activité demeure le parent pauvre du système national de prévention et de lutte contre cette maladie. Les participants ont insisté sur la stabilité et le renforcement du personnel affecté au réseau du registre national, et ce, par la nomination des coordonnateurs de wilayas et régionaux. "Le renforcement et la stabilité du personnel spécialisé contribuera à améliorer la prise en charge des cancers qui font désormais partie des pathologies dominantes en Algérie", ont-ils souligné. La prise en charge de cette pathologie passe d'abord par la pratique de dépistage. "Nous demandons au ministère de la Santé d'instaurer et d'enraciner la pratique du dépistage dans le système national de santé", plaidera le Pr Hammouda. L'introduction de cette pratique contribuera, précisera-t-elle, à changer le statut de cette maladie. "Grâce au dépistage, on pourra faire passer le cancer de maladie mortelle à maladie chronique, comme ailleurs dans les pays avancés", soutiendra encore la coordonnatrice du centre qui rappellera que 65% des cas de cancer sont découverts à un stade tardif. D'autres questions liées au dépistage ont été également soulevées, notamment celles relatives à la population éligible à cette pratique de prévention. "Les femmes atteintes du cancer du sein sont de plus en plus jeunes en Algérie. Le seul moyen de guérir reste la prévention." Par ailleurs, la question de validation des données collectées a été également posée, puisque les informations d'un registre d'une wilaya donnée sont validées dès qu'elles sont transmises au registre national, et ce, sans tenir compte des conditions édictées par le Centre international de recherche sur le cancer. Qu'en est-il de la validation des données du registre national du cancer ? "Face à cette situation, il est temps de penser à la création d'un comité national d'experts pour la validation du registre national du cancer", plaidera le Pr Rahal, directeur général de l'Institut national de santé publique. Hanafi H.