Loin des querelles des chiffres, le cancer est en passe de devenir un véritable fardeau pour l'Etat. Il représente carrément un phénomène socioéconomique, voire même politique. Les données de l'incidence de cette pathologie confirment que la progression de cette maladie est inéluctable. La pathologie est l'apanage du sexe féminin. Le cancer du sein chez les femmes est en voie de constituer carrément une situation épidémiologique. Quant au cancer colorectal, il est en progression fulgurante, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Cette analyse a été partagée par les oncologues et autres spécialistes qui ont pris part, hier, à la réunion annuelle du Réseau national des registres du cancer qui s'est tenue à Alger. Présidée par Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, la réunion d'hier se voulait une halte pour évaluer la situation, réajuster les modalités de dépistage et améliorer la prise en charge de cette maladie. Le Réseau national des registres du cancer est un outil de surveillance épidémiologique de la maladie. Ce réseau a été mis en place en 2014 pour consolider les informations recueillies à travers les trois réseaux régionaux : à l'est, à l'ouest et au centre du pays. Le professeur Hamdi Cherif a confirmé la survenue de 17 739 nouveaux cas dont 10 739 femmes atteintes à travers les 20 wilayas de la région est et sud-est du pays. Le cancer du sein vient en tête avec 71,1%, suivi du cancer colorectal avec 16% et de la thyroïde avec 10%. Les cancers colorectaux et du poumon partagent la première place, suivis de ceux de la prostate et de la vessie. Les résultats fournis par le Réseau régional de l'Ouest sont similaires à ceux de la région est en termes de types de cancers les plus répandus. Le professeur Fouatih, qui gère le fichier an niveau de 15 wilayas de l'ouest et sud-ouest du pays, annoncera que pas moins de 6 410 nouveaux cas (dont 3745 de sexe féminin) ont été enregistrés en 2015, soit une augmentation de 900 cas par rapport à 2014. Ce sont les cancers du poumon (22,4%) colorectal (15,6%) qui sont les plus fréquents chez les hommes. Le cancer du sein a atteint le taux de 56,2% chez les femmes. La même tendance de progression de cette maladie a été confirmée par le professeur Hammouda qui gère le registre du cancer de la région du centre et sud-centre du pays et qui couvre 13 wilayas. Pas moins de 21 276 nouveaux cas ont été recensés en 2015. Le cancer du sein chez les femmes occupe, précisera-t-elle, la première place au tableau. Les intervenants qui se sont succédé ont relevé à l'unanimité que les informations présentées ne sont pas totalement exhaustives, puisqu'il y a des wilayas qui sont défaillantes et qui n'ont pas fourni d'informations, à l'image de celle de Chlef ou encore d'Illizi. Il est aussi des wilayas qui ont fourni des statistiques qui n'ont pas été validés par le registre du cancer, à l'image de Laghouat et de Djelfa. Devant ce constat désolant, le ministre a pris la parole et haussé le ton à l'adresse des 48 DSP présents à la réunion. Abondant dans le même registre, le professeur Bouzid indiquera que la situation de cette photologie sur le terrain est effarante. "La réalité est tout à fait autre que celle rapportée par les DSP dans les rapports qu'ils transmettent à la tutelle. Il est inadmissible d'évoquer la problématique des rendez-vous pour la radiothérapie, alors que 34 accélérateurs sont déjà mis en service et 18 autres le seront au courant de l'année 2018." Hanafi H.