Le partenariat euroméditerranéen est placé devant un choix très clair : la réforme ou la paralysie. “Un premier bilan des dix dernières années montre que la réalité reste bien en deçà des objectifs, et que l'effet de causalité escompté entre les réformes économiques et la libéralisation politique ne s'est pas matérialisé.” C'est ce qui ressort d'un rapport publié par EuroMeSCo. Ce rapport, nous dit-on, a pour but d'évaluer les acquis et les faiblesses du processus de Barcelone, dix ans après son inauguration, à la lumière des objectifs initialement fixés, afin de proposer une redéfinition du partenariat euroméditerranéen. Le rapport, souligne-t-on, “tente de fournir des réponses à un ensemble de questions spécifiques, cruciales pour la future organisation du partenariat”. Il s'articule autour de sept questions-clés : quel est le lien entre développement économique et réforme démocratique ? Comment le PEM peut-il contribuer à garantir la sécurité des citoyens et à renforcer le respect des droits de l'Homme et de l'Etat de droit ? La “politique de voisinage” peut-elle contribuer à donner un nouvel élan au Partenariat euroméditerranéen et quels en sont les outils ? De même, quels sont les instruments nécessaires à la promotion d'une coopération sous-régionale dans le Maghreb et le Moyen-Orient qui soit viable ? Comment le co-ownership du processus de Barcelone peut-il être assuré ? Quel rôle les immigrés des Etats du Sud dans l'UE devraient-ils jouer dans le Partenariat euroméditerranéen (PEM) ? Enfin, comment accroître le rôle de la société civile et des acteurs politiques dans le cadre d'un processus de Barcelone “revisité” ? Le rapport dans son introduction indique clairement que les quelques progrès observés en termes de développement humain n'ont pas été suffisants ou suffisamment cohérents pour répondre aux graves problèmes sociaux que connaît la région. Les réformes économiques n'ont pas réussi à encourager les réformes politiques. Le partenariat a également échoué à gérer de façon efficace les enjeux de nature politique, non seulement en matière de sécurité, mais surtout au regard des droits de l'Homme ; la conviction que la prospérité économique, selon un schéma préétabli, conduirait inévitablement vers la libération des systèmes politiques comme de la société civile et des individus la composant, a encore péché par excès d'optimisme. Dans le même temps, la coopération Sud-Sud commence à peine à émerger avec le processus d'Agadir, alors que la coopération sous-régionale au Maghreb comme au Proche-Orient reste l'otage de conflits divers que le partenariat n'a guère été en mesure de résoudre, sinon de contenir. L'échéance 2010 qui constitue le pilier de l'ensemble du processus risque d'être remise en cause. Que ce soit au Nord comme au Sud, la perception dominante au sein des opinions publiques est que le PEM n'a pas réussi à tenir ses promesses et à répondre aux attentes qu'il avait suscitées et, plus sérieusement, qu'il aurait en réalité servi à entretenir et alimenter le statu quo. Parallèlement, coexiste le sentiment qu'il n'existe pas d'alternative viable à ce projet et que l'approche par étape et à long terme, adoptée par Barcelone, reste actuellement la plus adéquate ; une perception que le 11 septembre, la guerre en Irak ainsi que les diverses initiatives régionales de réformes – telles que l'initiative du G8 pour le Moyen-Orient ou encore des initiatives politiques proprement européennes comme “la politique de voisinage” qui présente une solution bilatérale aux problèmes de la région – ont renforcée. Dans un tel contexte, si le cadre multilatéral du PEM échoue à relever ces défis, il risque fort de perdre progressivement sa raison d'être, sa légitimité et le soutien dont il continue à bénéficier, et ainsi de se retrouver marginalisé. En bref, le PEM est placé devant un choix très clair : la réforme ou la paralysie. Meziane Rabhi