À l'approche de l'élection présidentielle, la décantation commence à se faire parmi les familles politiques. À commencer par les islamistes qui voient leurs rangs se disperser davantage sur fond de ralliement à la cause d'Abdelaziz Bouteflika. Après avoir réussi à fédérer tous ses partisans à l'exception notable du MPA qui attend l'annonce du chef de l'Etat pour se déterminer, le clan présidentiel a réussi, samedi, à ajouter une nouvelle prise à son tableau de chasse. Le parti islamiste El-Islah a joint sa voix à ceux qui appellent Abdelaziz Bouteflika à "poursuivre son œuvre" à la tête de l'Etat. Le parti, issu des nombreux démembrements des partis politiques créés par Abdellah Djaballah dans les années 1990, a surpris les observateurs puisque, jusque-là, il s'est plutôt inscrit dans les rangs de l'opposition avec laquelle il a même signé la plateforme de Mazafran, paraphée en 2014. Il y a seulement quelques semaines, le parti que préside Filali Ghouini — qui a même réussi à modifier les statuts du parti pour demeurer président durant plusieurs années et éviter l'alternance annuelle qui était la règle jusque-là — a pourtant pris l'option de soutenir un candidat "du consensus" issu de l'opposition. Mais un revirement de dernière minute a poussé cette formation, sans vraie assise populaire depuis le départ de Djaballah, dans les bras des partisans d'Abdelaziz Bouteflika. Le ralliement d'El-Islah aux camps des partisans du chef de l'Etat aggrave davantage les clivages qui minaient déjà les partis de la mouvance islamiste. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a, d'ores et déjà, fait savoir qu'il ne participera pas à l'élection présidentielle si l'actuel chef de l'Etat y participe. Il a été rejoint par le Front pour la justice et le développement d'Abdellah Djaballah qui, lui aussi, a indiqué que sa participation au scrutin d'avril prochain est compromise. En revanche, El-Binaa, un parti né des divisions du MSP, a rejoint très tôt l'initiative du FLN pour la création d'un front populaire autour du chef de l'Etat. Il rejoint ainsi un autre parti né de la scission dans les rangs du Hamas historique, à savoir Taj que préside l'ancien ministre, Amar Ghoul. Ce dernier a beau indiquer qu'il n'est plus islamiste, mais cela ne change rien à la perception qu'on se fait de celui qui a rejoint le Sénat en 2012 au titre du tiers présidentiel. D'autres prises de position vont certainement aggraver les frictions existantes au sein des partis islamistes. Une aile importante au sein du MSP veut toujours perpétuer le rêve de la défunte alliance présidentielle qui réunissait, entre 2000 et 2011, le parti au RND et le FLN. Le vœu a, d'ailleurs, été rappelé récemment par l'ancien président de ce parti, Abou Djerra Soltani. Ce dernier s'est dit clairement favorable aux retrouvailles avec les deux formations du gouvernement. Il souhaite même plus qu'une alliance. Il cherche désormais "une association" qui donnera à son parti plus de place dans un éventuel gouvernement d'alliance. Ali Boukhlef