C'est dans le foyer de l'ex-parti unique, le FLN, que la bataille politique s'est surtout concentrée A l'approche de chaque présidentielle, les partis politiques sont secoués par des séismes et des mouvements de déstabilisation qui provoquent souvent leur implosion ou leur explosion. Cette déstabilisation est souvent provoquée par des choix politiques des leaders des partis qui affichent leurs ambitions pour l'élection présidentielle. Ces derniers font alors les frais de renversement politique, subissant les coups de force des cadres et de la base de leurs partis respectifs. Deux importants partis et pas des moindres, le FLN et le RND, font aujourd'hui les frais d'une profonde crise politique à cause justement de la présidentielle 2014, alors que la campagne politique n'a pas encore débuté. C'est souvent des députés et des cadres «lourds» de ces partis au pouvoir qui provoquent les crises pour déstabiliser leur chef et changer la tendance. Ce genre de crise politique avait marqué la scène politique lors de l'élection présidentielle de 1999 où deux importants partis avaient connu des bouleversements majeurs, provoquant le départ de leurs chefs. C'est le cas du RND et du mouvement Ennahda. Au RND, Tayeb Benbaïbeche, alors puissant SG du RND qui s'était cru assez solide pour affronter Ahmed Ouyahia et refuser de soutenir le candidat du consensus Abdelaziz Bouteflika, a été finalement exclu du parti. Plusieurs hauts cadres du RND, à l'image de l'ancien chef de gouvernement, Mokdad Sifi, de l'ex-ministre et député Noureddine Bahbouh subiront le même sort que Benbaïbèche, parce qu'ils ont refusé de suivre le mot d'ordre du nouveau SG du RND. Le mouvement Ennahada, alors parti islamiste en progression, a connu, lui aussi, le même scénario de changement radical que le RND, quand le président du parti Abdallah Djaballah, qui souhaitait se présenter comme candidat à l'élection présidentielle de 1999, s'est fait éjecter du parti par la plus haute instance du mouvement Ennahda, majliss echoura, conduit par Lahbib Adami. Finalement, Djaballah réussira à créer son nouveau mouvement juste avant la présidentielle 1999 El Islah, soutenu dans sa démarche par ses fidèles lieutenants, Djahid Younsi et Djamel Benabdesslam. Si l'élection présidentielle de 1999 n'a touché que deux partis, la classe politique a été surtout bouleversée par les conséquences de l'élection présidentielle de 2004. Et c'est dans le foyer de l'ex-parti unique, le FLN que la bataille politique s'est surtout concentrée. La crise au FLN commença quand le SG du parti de l'époque Ali Benflis, est remplacé par Ouyahia en mai 2003, affichant son désaccord avec le président en place. C'est dans les coulisses de l'Assemblée où se dressent et se planifient les complots politiques les plus ourdis, que va être déclenchée la plus rude épreuve pour le FLN depuis l'indépendance. Quelques mois après la sortie de Benflis du gouvernement, un député du FLN d'Alger, Wahid Bouabdallah, dont la famille est très proche du président Bouteflika a lancé le premier appel de changement au FLN en dénonçant les intentions de son SG Benflis de se présenter comme candidat à l'élection présidentielle sous l'étiquette du FLN. Il sera suivi dans sa démarche par le député du FLN de Mostaganem, Abdelhamid Si Affif, qui conduira le front de redressement contre Benflis à l'Ouest. A l'approche de la présidentielle en avril 2004 et après une lutte acharnée entre les deux clans, aucun compromis n'est trouvé et le FLN se retrouve avec deux ailes dans le parti: les pro-Benflis et les redresseurs. Après sa lourde défaite à la présidentielle en 2004, Ali Benflis cèdera finalement et facilement sa place à Abdelaziz Belkhadem. D'autres responsables ont vu leur parti déstabilisé par les présidentielles entre 1999 et 2004, c'est le cas du RCD, provoquant le départ de certains figures importantes du parti en raison de leur position sur la candidature de Bouteflika. C'est les cas des ex-ministres Amara Benyounès et Hamid Lounaouci, mais aussi des cadres célèbres du parti, Khalida Messaoudi et un peu plus tard, Tarek Mira, qui ont dû quitter le RCD suite à un désaccord avec leur président Saïd Sadi. Résultat des courses: le président du RCD candidat à la présidentielle de 2004, n'a pas pu dépasser les 2% des voix de l'élection et renonce finalement à se présenter à l'élection présidentielle de 2009. Les présidentielles ont également coupé l'herbe sous les pieds du président du MSP, Bouguerra Soltani, élu en 2003 et qui a dû renoncer à sa candidature en 2004 et 2009, de peur de perdre son siège de président de parti et surtout son poste de ministre d'Etat. Le scénario de 2004 ne sera pas réédité au FLN en 2009, car lors de la dernière élection présidentielle, la majorité des partis importants à l'Assemblée comme le MSP, le FLN et le RND se sont constitués en alliance pour soutenir la candidature de Bouteflika, alors que d'autres candidats se sont fait éjecter par leur mouvement car ils n'ont pas réussi à mettre leur parti et leurs cadres sur leur propre ligne politique. C'est le cas notamment du président d' El Islah Abdellah Djaballah qui s'est fait débarquer de son mouvement politique pour la troisième fois et voit son lieutenant Djahid Younsi se présenter comme candidat à l'élection présidentielle de 2009. Ces scénarios de crise politique postprésidentielle risquent de se répéter lors de l'élection présidentielle de 2014, notamment au FLN, où partisans de la candidature de Belkhadem et d'un quatrième mandat de Bouteflika s'affrontent dans une lutte acharnée pour le poste de secrétaire général du FLN et sans doute le soutien important pour le futur président du pays. Une situation similaire qui risque de se répéter au RND, puisque Ahmed Ouyahia, le putschiste de Benbaibèche en 1999, a connu le même sort au RND, après avoir donné l'impression de vouloir se présenter comme candidat à l'élection présidentielle de 2014. Le RND, qui est depuis, sans secrétaire général élu, fait face actuellement à une crise sans précédent et l'actuel SG par interim, le président du Sénat Abdelkader Bensalah, ne semble pas garder le contrôle total sur le parti. La crainte d'une fin de carrière politique rapide oblige plusieurs chefs de parti à renoncer à se porter candidats jusqu'à voir plus clair dans cette course décisive à la magistrature suprême. Une élection présidentielle encore plus déterminante que celle de 1999.