Les traitements innovants coûteront à l'Etat environ 100 000 euros par malade et par an. Des comités régionaux d'oncologues réguleraient la prescription. Des thérapeutiques innovantes, dont l'immunothérapie et la thérapie ciblée, enregistrées par la Direction de la pharmacie du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en janvier dernier, devront être disponibles vers la fin de l'année en cours. "Le traitement coûtera environ 100 000 euros par malade et par an. Il n'est pas remboursé par la Sécurité sociale. Le prix ne saurait être un argument contre sa prescription. En 2006, l'Etat a acheté des médicaments beaucoup plus chers", a indiqué le professeur Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie médicale au CPMC en marge des travaux du 2e Sommet d'oncologie, qui a eu lieu à Alger les 9 et 10 novembre. Il a précisé que la prise de ces médicaments par voie orale épargne aux personnes atteintes de cancer des séjours à l'hôpital, tout en leur offrant une survie de plusieurs années, voire la guérison. Au cours de cette rencontre, les praticiens spécialistes ont justement débattu des modalités d'utilisation de ces molécules de dernière génération. En clair, comment et à qui les prescrire. La tutelle a entrepris de désigner trois services de cancérologie de référence autorisés à les commander. Selon le professeur Adda Bounedjar, président de la Société algérienne de formation et de recherche en oncologie, les spécialistes ont proposé l'installation de comités régionaux "qui étudieront les dossiers des patients et donneront l'aval pour l'utilisation des traitements innovants". Une réunion a regroupé, la semaine dernière, les représentants du ministère de tutelle et des délégués d'oncologues pour discuter de cette option. Amine Sakhri, directeur général de la filiale Algérie du groupe pharmaceutique Roche, a rappelé que les molécules développées par les centres de recherche "ne servent à rien si elles ne sont pas accessibles aux malades. Cela sous-entend que chaque partie a un rôle à jouer pour trouver les meilleurs mécanismes qui permettent aux patients algériens de bénéficier de ces thérapies innovantes largement et rapidement". Le chef du service de la pharmacie au CHU Mustapha-Pacha d'Alger, le Pr Mansouria Nebchi, a jugé impératif de créer l'unité de reconstitution de la chimiothérapie. Composée de pharmaciens hospitaliers, elle s'attellera à assurer les dosages précis en fonction de l'âge et du poids du patient. "La préparation de la chimiothérapie se fait actuellement par un corps que nous respectons (les infirmiers, ndlr). Pourtant, c'est la fonction des pharmaciens hospitaliers qui sont prêts à s'engager dans cette mission. Le ministère de la Santé a donné son accord", a-t-elle poursuivi. Elle a annoncé, au passage, la création, durant l'année universitaire 2018-2019, d'une nouvelle spécialité dans les facultés de médecine, à savoir "la pharmacie des hôpitaux". Le professeur Adda Bounedjar est revenu sur la nécessité de promouvoir les soins de soutien dans la prise en charge d'un malade en cancérologie. Il s'agit du traitement de la douleur, d'un accompagnement psychologique… Souhila H.