La CSA veut s'imposer comme un interlocuteur incontournable dans le dialogue socioéconomique. Elle affirme œuvrer à la création d'un observatoire national des libertés syndicales. Les représentants de 13 syndicats autonomes, réunis en assemblée constitutive, hier à Alger, se sont officiellement regroupés sous une Confédération des syndicats autonomes (CSA), avec comme coordinateur national, et pour une période de six mois, Sadek Dziri, le président de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef). La confédération se dote d'une direction collégiale et se donne comme principal objectif de jouer le rôle d'une force fédératrice des travailleurs. Les syndicats congressistes ont convenu de déposer la demande d'agrément auprès du ministère du Travail au courant de la semaine. Cette centrale syndicale qui vient de naître est composée de l'Unpef, qui a prêté son siège pour l'assemblée générale constitutive, du SNTFP, du Satef (formation professionnelle), du Cnes (enseignement supérieur), du CNII (syndicat des imams), du SNTMA (techniciens aéronautiques), du Cela (enseignants du secondaire), du SNPSP (santé), du Cnapeste (fonctionnaires de l'éducation), du Snapest (enseignant du secondaire), du Snap (travailleurs de la poste), du SNVFAP (vétérinaires de la Fonction publique) et du SNTE (travailleurs de l'éducation), ont souligné, à l'unanimité, l'importance de cet "événement historique pour l'avenir de l'Algérie". Les fondateurs de cette nouvelle organisation syndicale qui se sont succédé à la tribune, ont exposé les 14 objectifs assignés à cette "initiative inédite" qui fera date dans l'histoire du mouvement des travailleurs algériens. Les animateurs de la CSA sont appelés, dit-on, outre à continuer à défendre les intérêts moraux et socioprofessionnels des travailleurs, à s'imposer comme un interlocuteur incontournable dans le dialogue socioéconomique et même politique. Les signataires de l'acte de naissance de la CSA s'assignent également l'objectif de promouvoir la pratique démocratique en Algérie, tout en œuvrant à la création d'un observatoire national des libertés syndicales. Appréhendant la réaction "négative" des pouvoirs publics, les promoteurs de la Confédération des syndicats autonomes se sont engagés à mener un nouveau combat pacifique pour faire aboutir le dossier administratif de la CSA. "Nous sommes déterminés à batailler inlassablement sur le terrain réglementaire, pour obtenir le quitus du ministère du Travail. La CSA ne connaîtra pas le sort de la Casa (Confédération algérienne des syndicats autonomes) née en l'an 2000, à qui on avait refusé de délivrer l'agrément. Nous sommes plus que jamais persuadés que notre combat finira par triompher. Ce jour, 10 novembre 2018, signe la fin d'une ère caractérisée par le monopole de l'UGTA. La CSA est née pour rassembler l'ensemble des travailleurs du pays. Nous avons, à la faveur de cette coalition, un nouveau rôle à assumer, celui de moteur du changement." Le représentant du Snapest, Meziane Meriane, a insisté dans son intervention, sur la place qu'occupera désormais cette nouvelle union syndicale dans le paysage syndical o-politique. "Malgré les tentatives des pouvoirs publics de nous confiner dans un corporatisme sectoriel pour empêcher l'émergence d'une telle union, les syndicats autonomes ont réussi à déjouer toutes les embûches et les entraves". Et d'ajouter : "L'aboutissement de ce projet cher aux syndicalistes rehaussera la lutte syndicale autonome et affirmera la solidarité syndicale." Pour sa part, Sadek Dziri, secrétaire général de l'Unpef, rappellera à l'assistance le combat mené depuis de longues années "pour parvenir à fonder aujourd'hui une centrale syndicale non-gouvernementale qui sera un acteur incontournable dans la vie socioéconomique. À la faveur de cette confédération, nous sommes en train d'asseoir les jalons d'un nouveau dialogue social dont a besoin l'Algérie, parce que le syndicat historique UGTA qui a évolué dans le giron du pouvoir, n'a jamais pesé dans la dialogue initié dans le cadre des tripartites", soutiendra le SG de l'Unpef. La présence hier des représentants de la classe politique à l'assemblée constitutive a donné une autre dimension à l'évènement portant naissance de la CSA. Les délégués des partis politiques ont apporté, dit-on, "leur appui politique", tout en relevant la responsabilité et le rôle de cette centrale autonome dans la société. Mustapha Bouchachi, militant convaincu et inlassable des droits de l'Homme, a rappelé que "les syndicaliste ne doivent pas perdre de vue que l'Algérie est en danger. L'Algérie a besoin, plus que jamais, de vous les syndicalistes, après l'échec de la classe politique". Et de poursuivre sans détours : "Vous avez une grande responsabilité devant l'histoire. Vous êtes la locomotive du changement." Le sociologue Nasser Djabi a insisté, enfin, sur l'importance de saisir cette opportunité historique pour donner un nouvel essor au syndicalisme algérien. Hanafi H.