La Chine et les Etats-Unis ont exposé hier l'étendue de leurs divergences en amont du Sommet de l'Apec à Port Moresby, en s'écharpant sur le protectionnisme et le commerce sur fond de lutte d'influence dans le Pacifique. Cette passe d'armes s'est déroulée au travers de deux discours consécutifs du président chinois Xi Jinping puis du vice-président américain Mike Pence à la tribune d'un pourtant très policé forum de chefs d'entreprise précédant le rendez-vous annuel de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec). En l'absence du président américain Donald Trump qui avait choisi de faire l'impasse sur ce rassemblement, M. Xi est incontestablement la figure la plus en vue d'un sommet qui a cette année pour improbable cadre une capitale papouasienne à l'insécurité notoire. Le dirigeant chinois a dénoncé hier matin le protectionnisme et la politique de "L'Amérique d'abord", affirmant que les règles du commerce mondial ne devaient pas servir des "agendas égoïstes". Chine et Etats-Unis sont enferrés dans une guerre commerciale qui pourrait, selon les experts, être désastreuse pour l'économie mondiale. Washington et Pékin dans la foulée ont imposé ces derniers mois des droits de douane punitifs à leurs importations mutuelles, mais l'excédent bilatéral chinois n'a fait que continuer à battre des records. "L'histoire enseigne que personne ne sort gagnant de la confrontation, qu'elle prenne la forme d'une guerre froide, d'une guerre chaude ou d'une guerre commerciale", a lancé M. Xi. "Les tentatives d'ériger des barrières et de briser les relations économiques étroites sont contraires aux lois économiques et au sens de l'histoire. C'est une approche à court terme qui est vouée à l'échec", a affirmé M. Xi, appelant à "dire ‘non' au protectionnisme et à l'unilatéralisme", dans une attaque directe de la politique américaine. Montant quelques minutes plus tard à la même tribune, M. Pence a riposté, combatif, en expliquant que Washington ne céderait pas. "Nous avons imposé des taxes sur 250 milliards de dollars de biens chinois, et ce chiffre pourrait encore plus que doubler", a menacé le vice-président américain. "Nous espérons une amélioration, mais les Etats-Unis ne changeront pas de comportement tant que la Chine n'aura pas changé son attitude." R. I./Agences