Dès le départ, Donald Trump avait annoncé que les relations saoudiennes avec les Etats-Unis ne seront en aucun cas affectées par ce meurtre, tentant de disculper le prince héritier contre vents et marées. Le choix du président américain, Donald Trump, de fermer les yeux sur l'assassinat du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, par l'Arabie Saoudite, a provoqué colère et indignation aux Etats-Unis, où des sénateurs l'ont violemment critiqué, en qualifiant la Maison-Blanche de servir "d'agence de relations publiques" du prince héritier, Mohammed Ben Salmane, dont la responsabilité de ce meurtre ne fait pratiquement aucun doute. "Je n'aurais jamais pensé voir le jour où la Maison-Blanche ressemblerait à une agence de relations publiques pour le prince héritier saoudien", a écrit sur Twitter Bob Corker, le chef républicain de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat. D'autres sénateurs républicains ont aussi critiqué l'alignement de M. Trump sur la défense choisie par le royaume saoudien. "Ce communiqué est l'Arabie Saoudite d'abord, pas l'Amérique d'abord", a raillé Rand Paul, en référence au slogan régulièrement lancé par le président. "Des +alliés proches+ ne planifient pas le meurtre d'un journaliste. Les +alliés proches+ n'attirent pas un de leurs citoyens dans un piège pour le tuer", a tweeté Jeff Flake, également républicain, mais très critique à l'égard du locataire de la Maison-Blanche. Mardi, M. Trump a tranché en préférant les affaires au respect des droits de l'homme, alors que les conclusions de la CIA vont vers la culpabilité du prince héritier que les membres de la famille régnante à Riyad semblent décidés à évincer de la succession, en remplacement de son père le roi Salmane qui l'a désigné à la surprise générale comme son futur successeur à la tête du royaume wahhabite. "Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet évènement tragique --peut-être, peut-être pas!", avait déclaré mardi Donald Trump dans un communiqué. "Nous ne connaîtrons peut-être jamais tous les faits entourant le meurtre de Jamal Khashoggi, un crime épouvantable que notre pays ne pardonne pas", a-t-il ajouté. Mais Trump ne va pas au-delà de ces déclarations et a décidé vraisemblablement de clore ce dossier. Hier, la Turquie, où Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre dans le consulat saoudien d'Istanbul, a annoncé son intention de demander une enquête internationale pour faire toute la lumière sur ce crime d'Etat. Ankara a fourni des informations à l'ONU sur cette affaire, a indiqué le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, cité par les médias turcs et l'agence de presse Reuters. "Jusqu'à maintenant, nous avons accepté les propositions de coopération avec l'Arabie Saoudite sans aucune hésitation. Mais malgré notre disponiblité, nous ne sommes pas arrivés à avoir des réponses aux questions que nous avons posées et nous estimons que cette collaboration n'est pas au niveau de nos attentes", a-t-il déclaré mardi soir lors d'un point de presse avec son homologue américain Mike Pompeo à Washington. Et d'expliquer que si la situation reste la même, concernant l'enquête en cours sur l'assassinat de Khashoggi, la Turquie se verra dans l'obligation de saisir l'ONU pour l'ouverture d'une enquête internationale indépendante. Lyès Menacer