Un vaste mouvement de contestation a eu lieu à Tunis pour dénoncer la visite du prince héritier, accusé d'être le commanditaire de l'assassinat de Jamal Khashoggi. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a annoncé hier dans un communiqué avoir officiellement déposé plainte lundi devant la justice argentine contre le prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, attendu à Buenos Aires ce vendredi pour participer au sommet du G20. La même source indique que "les autorités judiciaires argentines ont commencé à analyser une plainte sur le rôle présumé du prince héritier Mohammed Ben Salmane sur de possibles crimes de guerre commis par la coalition menée par l'Arabie Saoudite au Yémen et des cas de torture par des responsables saoudiens". L'ONG a également demandé à la justice argentine d'enquêter sur la "possible complicité" de Mohamed Ben Salmane dans l'assassinat, le 2 octobre dernier à l'intérieur du consulat saoudien à Istanbul, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Human Rights Watch justifie sa démarche en Argentine par le fait que la Constitution de ce pays reconnaît la compétence universelle en matière de crimes contre l'humanité. Il appartient maintenant au procureur général Ramiro Gonzalez de décider s'il faut ouvrir une instruction dans ce dossier. Si ce sera le cas, le prince héritier d'Arabie Saoudite ne sera pas à l'abri d'une arrestation durant son séjour en Argentine. Il y a lieu de signaler qu'un collectif d'avocats tunisiens a décidé de porter plainte contre Mohamed Ben Salmane devant le tribunal de première instance à Tunis pour empêcher sa visite en Tunisie. Le coordinateur de ce collectif, Nizar Boujalal, a indiqué que dans le cas où leur plainte ne serait pas jugée recevable, ses collègues et lui auront recours à d'autres moyens de protestation pour protester contre cette visite. Le prince héritier saoudien est aussi visé par une enquête en France, suite à la plainte déposée contre lui par une association yéménite, qui l'accuse d'avoir ordonné plusieurs attaques au Yémen, en violant le droit international. Rappelons que Mohamed Ben Salmane a été pointé du doigt par la presse et des responsables turcs comme commanditaire du meurtre du journaliste saoudien, chroniqueur au Washington Post Jamal Khashoggi, qui a terni l'image de l'Arabie Saoudite dans le monde, bien que Riyad démente toute implication de sa part. Ceci étant, le futur roi d'Arabie Saoudite a entamé jeudi dernier une tournée internationale aux Emirats arabes unis, avant de se rendre au Bahreïn et en Egypte, avant de rallier hier la Tunisie. Mohamed Ben Salmane devrait effectuer une visite en Algérie, non confirmée officiellement par Alger, à son retour du sommet du G20 en Argentine. Merzak Tigrine