Ce sommet aura permis à Washington et Pékin de mettre en veilleuse pendant 90 jours leurs différends commerciaux. Consacré essentiellement au commerce et au pétrole, ce sommet du G20 s'est achevé en apothéose avec la conclusion entre Donald Trump et Xi Jinping d'une trêve dans le conflit commercial opposant la Chine aux Etats-Unis, qui menaçait l'économie mondiale. Les deux présidents ont "trouvé un accord pour mettre fin à la mise en œuvre de nouveaux droits de douane", a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, après un dîner de travail de plus de deux heures des deux chefs d'Etat et de leurs conseillers. Si Pékin a annoncé que Washington renonçait à porter comme prévu de 10% à 25% les droits de douane sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises — la moitié du total — à partir du 1er janvier, la Maison-Blanche s'est limitée à dire que cette décision n'était que suspendue, plus précisément pour une durée de 90 jours. Si les deux pays n'arrivent pas dans ce délai à s'entendre sur des "changements structurels" dans leurs relations commerciales, notamment à propos des transferts "forcés" de technologie et de la propriété intellectuelle, "les droits de douane de 10% seront portés à 25%", a, en effet, averti dans un communiqué de l'administration Trump. Le président US a salué une "réunion incroyable et productive ouvrant des possibilités illimitées pour la Chine et les Etats-Unis". La surenchère de droits de douane entre la Chine et les Etats-Unis depuis le printemps pèse déjà sur la croissance mondiale. Le FMI estime qu'à court terme le PIB mondial pourrait être réduit de 0,75% si les tensions commerciales devaient encore s'accroître. Ce sommet entre Donald Trump et Xi Jinping a constitué le point d'orgue d'un sommet du G20 au cours duquel les principales économies mondiales ont pu seulement sauver les apparences en accouchant d'un communiqué commun. Ils y "notent les problèmes commerciaux actuels" sans condamner le protectionnisme, une formule bien pudique au regard de l'offensive "America First" (l'Amérique d'abord) de Donald Trump. Dix-neuf pays "s'engagent à la pleine mise en œuvre" de l'accord de Paris sur le climat, les Etats-Unis rappelant en toutes lettres leur rejet de ce dernier. Loin du ton compassé du communiqué, au cours des conférences de presse finales les dirigeants ont passé en revue leurs multiples désaccords. "La guerre va continuer" dans l'est rebelle de l'Ukraine tant que les autorités ukrainiennes actuelles "resteront au pouvoir", a ainsi martelé samedi Vladimir Poutine. Les Européens lui avaient pourtant demandé d'apaiser les tensions nées de l'arraisonnement dimanche de navires ukrainiens par la marine militaire russe. Par ailleurs, le président russe a accordé ses violons avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) pour prolonger un accord de baisse de la production de pétrole. Les deux hommes ont affiché une franche camaraderie pendant le sommet. Le sommet a aussi été marqué par un rendez-vous manqué, celui de Donald Trump et de Vladimir Poutine, annulé à la dernière minute ou presque par l'Américain, qui a invoqué la crise en Ukraine.