Pour lui, depuis 2013, le parti "a été dévié" de sa trajectoire. Cette déviation a été "accentuée" lors du congrès de 2015 qui a permis à Djamel Ould Abbes de "gaver le comité central" de membres non élus. Plus de six ans après avoir quitté les structures du FLN, Abderrahmane Belayat rejoint les nouveaux maîtres du vieux parti. Mais contrairement à ses anciens alliés, l'ancien coordinateur du bureau politique, reçu hier au siège du parti par Moad Bouchareb, tente de jouer sa propre partition, même s'il dit rejoindre l'orchestre. À l'issue d'une rencontre avec le nouveau chef du FLN, Abderrahmane Belayat a déroulé son programme. Tout en se disant partie prenante de la nouvelle "décision" qui "remet le FLN" sur sa "ligne authentique", l'ancien coordinateur du BP, qui avait assuré l'intérim de la direction du parti lors de la mise à l'écart d'Abdelaziz Belkhadem en août 2013, a exprimé des objections. Il a remis à son hôte un document signé au nom de tous "les militants" qui se sont joints à lui lors de sa longue guerre menée contre l'ancien secrétaire général, Amar Saâdani. On y lit, entre autres, que si les "militants" acceptent de jouer le jeu de la nouvelle page qui s'ouvre au sein de leur parti, ils "resteront vigilants" sur "la ligne du parti". "Nous le disons franchement : nous restons vigilants de peur de voir la direction actuelle dévier des lignes du parti", a indiqué Belayat, devant un Bouchareb resté impassible. Mais avant cela, l'ancien ministre des Travaux publics s'en est pris de manière véhémente aux derniers responsables du parti, à savoir Amar Saâdani et Djamel Ould Abbes. Pour lui, depuis 2013, le parti "a été dévié" de sa trajectoire. Pire, cette déviation a été "accentuée" lors du congrès de 2015 qui a permis à Djamel Ould Abbes de "gaver le comité central" de membres non élus. Les acrimonies de Balayat, connu pour son verbe acéré et ses attaques au vitriol, ne s'arrêtent pas là. Il accuse l'ancien SG d'avoir "méprisé" le comité central dont les réunions étaient réduites à une par an. Même ces réunions ne se sont jamais tenues dans la réalité. Puis, il rappelle que "le BP n'a jamais été élu". Ce sont, entre autres, ces reproches qui poussent aujourd'hui Abderrahmane Belayat, qui a tenu à s'exprimer au nom de son groupe dont les membres "ne sont pas mus par des ambitions personnelles", à rester "vigilant" face à la nouvelle direction. Dans les coulisses, certains cadres du FLN précisent que s'il se joints à la nouvelle direction, Abderrahmane Belayat, qui est l'un des derniers vétérans du parti, veut encore jouer un rôle dans la période qui s'ouvre. Dans l'immédiat, il veut notamment être désigné à la tête de la commission de préparation du congrès, dont la date n'est toujours pas fixée. Il veut ainsi peser de tout son poids pour placer ses proches dans les instances qui naîtront de ce congrès. Cela même s'il est déjà admis qu'Abderrahmane Belayat n'aspire à aucun poste-clé, lui dont l'âge dépasse largement les 80 ans. La réception accordée, hier, à Abderrahmane Belayat, ne sera pas la dernière que Moad Bouchareb compte organiser. Après avoir reçu Salah Goudjil et Abdelaziz Belkhadem, le coordinateur de l'instance dirigeante du FLN a lancé l'invitation à d'autres anciens cadres, dont son ennemi juré, Amar Saâdani. Ce dernier avait même exclu des rangs du parti l'actuel président de l'APN. Mais loin d'être rancunier, Bouchareb clame que sa démarche vise à "faire revenir tous les enfants du FLN dans leur maison". Ali Boukhlef