Les 4es Journées internationales d'oncologie d'Oran, organisées par le Chuo Docteur Benzerdjeb, en collaboration avec l'Agence thématique de recherches en sciences de la santé (ATRSS), qui se sont ouvertes, jeudi dernier, pour se clôturer, aujourd'hui, ont été l'occasion de débattre des cancers digestifs, particulièrement les cancers métastatiques et les tumeurs neuroendocrines. Ont participé à ce rendez-vous des spécialistes référents dans les divers domaines de l'oncologie digestive entre gastroentérologie, chirurgie, biologie moléculaire, entre autres spécialités, venus des différentes régions du pays, de France, ainsi que de Belgique. Le constat premier est la "nette augmentation" de ce type de cancer estimé à 5% chaque année de par le monde. En Algérie, son incidence est de 10%. Pour le Pr Abdelkader Bousahba, le président de ces journées, cette augmentation des cas de cancer colorectal "est liée au changement du mode alimentaire ainsi qu'à d'autres facteurs de risques sur lesquels se penche la recherche à l'heure actuelle". Pour lui, il s'agit en premier lieu de faire le point sur les actions prioritaires à mener sur le terrain dans le cadre de la feuille de route que constitue le Plan national cancer (PNC) 2015-2019 et de fournir une revue des plus importantes avancées réalisées dans la prise en charge des cancers digestifs, en général, et du cancer colorectal et des tumeurs neuroendocrines, en particulier. Le Pr Messaoud Zitouni, le coordinateur national du comité de pilotage du PNC, a indiqué, en marge des travaux de la première journée, que les cancers colorectaux peuvent être traités par la chirurgie pour peu qu'ils soient détectés à temps, insistant sur le rôle du dépistage au niveau des services spécialisés. Lors de son intervention, l'ancien ministre de la Santé a souligné l'importance de cet aspect, "seule arme capable de réduire en même temps l'incidence et la mortalité". Il évoque, à ce propos, les opérations-pilotes relatives au dépistage du cancer colorectal qui ont été lancées à Béjaïa, à Annaba et à Batna, souhaitant qu'Oran fasse de même. Pourtant, et dans la réalité, "ce dépistage est aussi complexe à réaliser parce qu'il faut rechercher le sang dans les selles, et en cas de présence de sang, il faut faire alors une coloscopie de qualité, et ensuite orienter le patient en fonction des résultats obtenus", avait expliqué, en juillet 2017, le Pr Mourad Abid, chef du service de chirurgie au Centre anti-cancer de Batna. À propos de l'incidence de ce cancer, il avait indiqué que le nombre de nouveaux cas de cancers colorectaux est important et son augmentation est inquiétante en Algérie. Les obstacles que peuvent rencontrer éventuellement les experts sur le terrain vont de la complexité de l'organisation du dépistage, car "un dépistage de masse n'est pas simple à réaliser", précise-t-il, et la méthode à adopter pour faire adhérer les gens à ce dépistage. Le Pr Zitouni a ensuite abordé l'hyperspécialisation requise en matière de cancer du rectum, ainsi que les techniques actuelles dans le traitement des tumeurs cancéreuses, notamment les thérapies ciblées et l'immunothérapie. À propos du PNC, il a déclaré à la presse que 70% du programme ont été réalisés sans pour autant verser dans un satisfecit de circonstance. Quant à l'arrivée des médicaments innovants contre le cancer sur le marché algérien, début 2019, il a éludé la question, expliquant que c'est du ressort de la Pharmacie centrale. Saïd OUSSAD