L'affaiblissement de Nidaa Tounès a bénéficié aux islamistes d'Ennahdha qui ont trouvé un nouvel allié pour garder les manettes d'un pouvoir, d'apparence aux mains de Béji Caïd Essebsi. Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, disposera d'un nouveau parti d'ici une semaine, ont annoncé vendredi soir ses partisans au sein du bloc de la Coalition nationale, fraîchement constitué des transfuges de Nidaa Tounès et d'autres partis microscopiques. Réunis à Sousse, jeudi et vendredi, des responsables de cette coalition et d'anciens militants de Nidaa Tounès, auquel appartient le président de la République, Béji Caïd Essebsi, ont voté à l'unanimité pour le lancement de ce parti qui soutiendra la candidature de Youssef Chahed, a rapporté la radio privée Mosaïque FM qui a repris une déclaration de Zohra Idriss, une députée de la nouvelle coalition. "Hier (jeudi) à Sousse, il y a la première réunion pour former ce parti (…). Nous nous sommes réunis avec nos militants qui ont voté pour nous aux législatives de 2014", a déclaré Zohra Idriss sur les ondes de cette radio, affirmant que les militants présents à cette réunion sont unanimes à dire qu'ils ne peuvent pas rester au sein de Nidaa Tounès. "Aucun ne pense qu'il reste encore un peu d'espoir pour que Nidaa Tounès puisse affronter la prochaine étape" pour sortir de la crise politique et économique dans laquelle est plongé progressivement le pays ces trois dernières années, a-t-elle ajouté. Youssef Chahed a nié plusieurs fois avoir des ambitions présidentielles, mais les faits le démentent. Engagé dans une guerre féroce contre les milieux des affaires et de la corruption, M. Chahed a affirmé que son combat n'a aucun lien avec une quelconque ambition personnelle. Mais sa guerre l'opposant au fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, l'actuel patron de Nidaa Tounès, semble avoir changé la donne et poussé le Premier ministre à se lancer dans cette aventure. Et il n'est pas le seul à s'opposer au fils du président puisque le parti s'est vu privé de sa majorité parlementaire, après une cascade de démissions de ses députés qui ont formé cette nouvelle coalition nationale, soutenus par d'autres parlementaires. Ces derniers devaient sceller une alliance avec le controversé homme d'affaires et politique Slim Riahi qui a fini par rejoindre Nidaa Tounès, n'ayant pas pu imposer ses conditions à Youssef Chahed, dont sa nomination au poste-clé de ministre de la Justice, à laquelle il voulait échapper. Pour rappel, le Premier ministre a procédé récemment à un remaniement de son gouvernement sans avoir averti, au préalable, le président de la République. Soutenu par le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi, M. Chahed a fait valider son exécutif au Parlement sans la moindre difficulté, malgré la polémique qu'il a suscitée et une rue tunisienne qui bouillonne de jour en jour face à des horizons bouchés à moins d'un an de la présidentielle. Lyès Menacer