L'accord d'association avec l'UE a été, aux yeux de tous les Algériens, profitable uniquement pour les pays du Vieux continent. L'Algérie prend part à la première Foire commerciale intra-africaine (IATF) prévue du 11 au 17 décembre au Caire. Organisée par la Banque africaine d'import-export (AfreximBank), en collaboration avec l'Union africaine, cette exposition a pour but de stimuler le commerce intra-africain et soutenir la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca). L'adhésion de l'Algérie à cette zone ainsi qu'à sa consœur arabe (Gzale) suscite des questionnements quant à son opportunité et son apport pour le pays. Echaudé par la mauvaise expérience dans la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne, notre pays doit en principe tirer les enseignements de sa présence dans ces deux espaces commerciaux arabe et africain. L'accord d'association avec l'UE a été, aux yeux de tous les Algériens, profitable uniquement pour les pays du Vieux continent. En effet, l'Algérie perd au change dans ses échanges commerciaux avec les pays arabes. Des statistiques de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) indiquaient que la balance commerciale de l'Algérie avec la Gzale affiche un déficit de 351 millions de dollars en 2015. Ce recul est essentiellement dû à la chute des prix du pétrole qui constituait le gros des exportations algériennes vers cette zone. En revanche, les exportations hors hydrocarbures ont reculé de 40%, ne dépassant pas le seuil de 100 millions de dollars. Cette contre-performance a provoqué le courroux de l'ancien ministre feu Bakhti Belaïb qui, au cours d'une rencontre avec les exportateurs algériens, a dressé un bilan plutôt négatif des accords que le pays a conclus avec la Gzale. Il avait demandé à ces derniers de changer de cap et de se réorienter vers l'Afrique. "On avait oublié de signer ces accords avec des pays dont les marchés offrent plus d'opportunités à la production nationale", avait-il déclaré. Pour lui, la création de zones de libre-échange devrait se faire avec des pays où les produits algériens ont plus de chance de se placer. UE et Gzale : l'échec ! Pis, les produits algériens peinent à se frayer une place dans cette zone, en dépit de leur qualité acceptable, car ils sont souvent frappés de taxes et de blocages parfois bureaucratiques. Ce déséquilibre donne ainsi le plein droit à l'Algérie de revoir les dispositions de ces accords. Avec 38 entreprises représentant plusieurs secteurs, tels que l'agroalimentaire, l'électroménager, les produits agricoles, l'industrie mécanique, les textiles, les hydrocarbures..., notre pays participera à cette manifestation économique qui devrait rassembler plus de 1 000 exposants de toute l'Afrique et au-delà et pourrait attirer plus de 70 000 visiteurs, générant plus de 70 milliards de dollars d'accords commerciaux. Ce qui permettra l'entrée sur un marché unique de plus de 1,2 milliard de personnes réunies par la Zone de libre-échange continentale africaine dont le PIB cumulé avoisinerait les 2 500 milliards de dollars. C'est pour activer la Zleca d'ailleurs que cette exposition a été organisée dans la capitale égyptienne. L'Algérie semble intéressée par une accession à cette zone. Or, force est de constater, qu'actuellement, les échanges commerciaux de l'Algérie avec l'Afrique demeurent faibles puisqu'elles ne dépassent pas les 3 milliards de dollars par an et s'effectuent quasiment avec seulement 5 pays du continent. Ces 3 milliards de dollars d'échanges se répartissent entre 1,6 milliard de dollars d'exportations algériennes et 1,4 milliard de dollars d'importations auprès des pays africains. Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'Afrique s'élèvent à 206 millions de dollars seulement, soit 13% du montant global des exportations vers le continent. C'est dire que pour éviter le scénario vécu avec l'UE et la Gzale, l'Algérie doit bien réfléchir et se doter de toutes les protections possibles avant de se lancer dans de telles sphères commerciales désavantageuses. B. K.