Ce matelas en devises étrangères représente, aujourd'hui, trois ans d'importations. C'est essentiellement l'effet de la flambée des prix du pétrole, les cours du brut ayant oscillé entre 47 et plus de 50 dollars ces derniers mois. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Laksaci, vient d'indiquer à l'agence officielle APS que les réserves de change, c'est-à-dire de devises de l'Algérie ont atteint 46 milliards de dollars à fin mai 2005, 43,1 milliards de dollars à fin 2004 et 32,9 en 2003. C'est de quoi assurer 3 ans d'importations. L'embellie financière que connaît l'Algérie reste exceptionnelle. Jamais elle n'a accumulé autant de devises. C'est l'effet de la flambée des prix du pétrole, les cours du brut ayant oscillé entre 47 et plus de 50 dollars le baril ces derniers mois. Inimaginable, il y a quelques années. Ce niveau sans précédent de devises garantit la viabilité de la balance des paiements du pays, c'est-à-dire en gros des finances de l'Algérie. Il soutient la convertibilité du dinar pour les opérations commerciales. Et donne un signal important à la communauté d'affaires internationale dans la perspective de plus grands engagements en matière d'investissements étrangers. Au plan politique, une telle embellie financière donne des coudées franches au président Bouteflika pour redresser la situation économique et sociale de l'Algérie. C'est une chance exceptionnelle de moderniser l'économie du pays et d'améliorer les conditions de vie de la population. Mais elle ne dispense pas de s'interroger sur l'utilisation des réserves. On peut se demander, par ailleurs, à qui profite-t-elle ? En fait, ces 46 milliards de dollars de réserves ne dorment pas dans les caisses de l'état. D'une manière générale, elles sont placées dans des bons du Trésor américain et dans des banques sûres classées AAA. Du coup, elles procurent chaque année de nouvelles entrées du fait du produit des intérêts de ces placements. Mais jusqu'à présent, ces opérations ne sont pas transparentes. Laissant courir les rumeurs les plus folles sur leur mauvaise utilisation. Il est clair que l'Algérie y perd de l'argent. Car, il est plus avantageux, aujourd'hui, de rembourser la dette extérieure par anticipation par cet argent que de le placer. La perte est estimée à 1 milliard de dollars annuellement. Par ailleurs, ces réserves ont une contrepartie en dinars qui se transforment en partie en recettes budgétaires. C'est là le hic. Il y a ici un grand gaspillage des ressources en dinars du fait de la qualité des travaux, des retards dans les chantiers. On enregistre également une répartition inégale des richesses. Qui fait dire : l'état s'enrichit, le peuple s'appauvrit. Ces questions renvoient, en somme, à l'efficacité des pouvoirs publics et à la mauvaise gouvernance actuelle. Jusqu'à présent, l'état n'a pas réussi à traduire les immenses liquidités qu'il détient en masses d'emploi permanent et de richesses. À réduire la dépendance à l'égard du pétrole. La question pendante est de savoir donc si le chef de l'état, avec ces leviers importants, pourra transcender les difficultés et sortir l'Algérie de la misère. N. Ryad