Lors de cette rencontre, Ouarda Baaziz-Cherifi, Akli Drouaz et Faïrouz Recham sont revenus sur leurs écritures respectives, influencées, pour certains, par Fadhma Ath Mansour Amrouche, au cœur de cette région qui a vu la naissance de l'architecte de la révolution, Abane Ramdane. Le Festival dédié à la montagne et à la culture, Montagn'art, qui s'est tenu les 21 et 22 décembre au cœur du village Taddart Oufella (Aït Oumalou), s'est poursuivi en cette après-midi de vendredi avec une rencontre livresque, animée par les écrivains Faïrouz Recham, Ouarda Baaziz-Cherifi et Akli Drouaz, qui ont évoqué tour à tour l'écriture de leurs ouvrages, respectivement Honoré par ton départ (Tacharaftou bi rahilik), Principes et amertumes, Les survivants de l'oubli et Terre d'exil. Décennie noire, tel est le thème du livre de Recham, qui brosse le tableau d'une Algérie actuelle, post-intégrisme. "J'ai essayé de relire, de revoir, de comprendre ce qui s'est passé. D'analyser aussi cette période", a-t-elle précisé. Et de reprendre : "C'est toute une culture qui a été détruite. J'essaye de montrer ces dégâts, à travers le personnage d'une enseignante, qui a deux frères terroristes et un mari qui l'est aussi. Elle va vivre dans la violence des années 90. C'est le parcours d'une femme mais aussi de toute une société." De ce même village qui a vu l'arrivée, en 1886, de Fadhma Ath Mansour Amrouche au pensionnat laïque de Taddart-Oufella, la conférencière présentait son roman, dont l'écriture est grandement influencée par cette figure de proue de notre littérature. Fadhma Ath Mansour Amrouche, en effet, sera "avec sa fille Taos, la première à écrire une autobiographie, à écrire, oser écrire sur la condition féminine", a expliqué l'auteure. "Quelque part pour moi, c'est une continuité, les textes écrits par des femmes en Algérie datent des années 40, et même de nos jours, la femme écrit encore sur la femme." La décennie noire et la guerre de libération se sont chevauchées lors de cette après-midi littéraire, qui se déroulait au cœur de la région de Larbâa Nath Irathen, berceau d'une autre figure nationale, l'architecte de la Révolution, Abane Ramdane. Akli Drouaz, auteur de Terre d'exil, dira : "Cette ambiance du village où se déroule le festival Montagn'art me rappelle l'atmosphère de mon roman, à travers Mokrane, ce n'est pas tellement le fait historique qui m'intéresse, mais le regard de l'enfant. Les conséquences de la période post-indépendantiste le mèneront à un exil mortifère, voire mortel." "En tant qu'enfant j'ai vécu la terreur, je me suis dit qu'il fallait absolument en témoigner. On doit aux générations à venir ces témoignages, moi je n'écris pas pour paraître dans des plateaux télé, il faut mettre des maux sur les douleurs, on a un réel devoir de mémoire à accomplir", a insisté Akli Drouaz. Cherifi, pour sa part, est venu parler de ses deux ouvrages Principes et amertumes et Les survivants de l'oubli. Le premier est une autobiographie, qui narre l'histoire d'une jeune fille des années 80 "qui avait le bonheur d'être instruite, mais en même temps le malheur d'être différente de sa famille qui ne partageait pas ses ambitions et ses rêves". Le deuxième est aussi tiré d'une histoire vraie, parce que, dira l'écrivaine, "tous mes romans sont tirés de faits réels, du vécu qui m'inspirent énormément". Les survivants de l'oubli parle aussi de l'après-guerre où un jeune villageois décide avec l'ensemble des voisins de s'exiler et de revenir au pays pour offrir une meilleure vie à sa famille. Mais pour beaucoup de raisons, il connaîtra les affres de l'oubli et de l'exil, qui a duré trente ans. La poétesse insistera par ailleurs sur la nécessite de ce genre de rencontres "parce qu'elles sont très bénéfiques pour nous, auteurs. Nous nous rencontrons entre nous, nous rencontrons nos amis, nos lecteurs. Des gens que je connaissais en ligne sont devenus des amis dans la réalité grâce à Montagn'art. Toutefois, bien sûr, ce sont des rencontres magiques, on vient à la rencontre de notre public, parler de nos œuvres, rencontrer des gens, vivre un moment intense en bonheur", a-t-elle conclu. Y. A.