Si la politique de l'immigration dans l'Europe des 25 s'oriente aujourd'hui vers une plus grande sélection c'est que l'évaluation du processus d'intégration des immigrés établis dans l'espace Schengen a révélé que les catégories les plus instruites trouvent moins d'obstacles à s'installer et à travailler. Alors qu'il est question dans l'Hexagone d'une radicalisation de la politique de l'immigration et de l'expulsion d'un plus grand nombre de clandestins, en Algérie, on en est encore à l'heure des bilans. Plus de 100 000 Algériens, dont une bonne majorité de hauts cadres, ont souscrit au droit d'asile dans certains pays européens en dix ans. La raison liée à la violence islamiste qui a ensanglanté le pays est à l'origine de cette situation. Mais, elle ne peut à elle seule expliquer l'étendue du phénomène de l'émigration qui a tendance à s'amplifier. La dégradation des conditions de vie, la paupérisation de larges couches de la société, la disparition de l'échelle des valeurs et les obstacles bureaucratiques ont été des facteurs aggravants dans la fuite des cerveaux qui, à l'étranger, sont exploités sans que la contrepartie réelle leur soit octroyée. Si la politique de l'immigration dans l'Europe des 25 s'oriente aujourd'hui vers une plus grande sélection qui obéit à des critères économiques, à savoir le choix de la main-d'œuvre dont a besoin tel ou tel secteur d'activité en difficulté, c'est que l'évaluation du processus d'intégration des immigrés établis dans l'espace Schengen a révélé que les catégories les plus instruites trouvent moins d'obstacles à s'installer et à travailler. On comprend de mieux en mieux le discours des leaders européens quant à une maîtrise du phénomène de l'immigration par la mise en place de “centres de filtrage” dans les pays de la rive sud. Il s'agit, bien entendu, de récolter la crème du savoir et de l'utiliser à moindres frais. Mais la balle est dans le camp du Sud. L'adoption de toute stratégie de relance de l'économie doit impérativement commencer par redonner confiance aux jeunes cadres en prenant en charge leurs problèmes afin qu'ils s'impliquent réellement dans les projets de développement. Mais là aussi, il faudrait que les mentalités changent et que la compétence devienne réellement la seule et unique condition de réussite. S. T.