Une part importante de l'épargne des agents économiques, entre 1 500 et 2 000 milliards de dinars, est thésaurisée et hors des circuits bancaires, a indiqué le gouverneur de la Banque d'Algérie. Les dépôts des ménages en devises auprès des banques ont augmenté de 13,55% entre décembre 2017 et octobre 2018. C'est ce qu'a indiqué le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, lors de sa présentation du rapport sur les évolutions financières et monétaires du pays au titre de l'année 2017 et des neuf premiers mois de l'exercice 2018 devant l'Assemblée populaire nationale (APN). Cependant, le gouverneur de la Banque d'Algérie n'a pas précisé le montant des dépôts en devises des ménages. M. Loukal a évoqué une hausse des liquidités monétaires et quasi monétaires totales, qui a concerné autant la circulation fiduciaire (6%) que les dépôts à vue dans les banques (8,8%) et CCP (14,4%) et les dépôts à terme (9,4%). La part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire globale a diminué à 30,8%. Malgré cette baisse, le volume de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire (près de 5 000 milliards de dinars) demeure important, juge le gouverneur de la Banque d'Algérie. "Cela indique qu'une part importante de l'épargne des agents économiques (entre 1 500 et 2 000 milliards de dinars) est thésaurisée et hors des circuits bancaires ; ce qui milite clairement pour une orientation franche des stratégies des banques commerciales vers la collecte de ces ressources encore substantielles", souligne M. Loukal. Ce dernier a rappelé que la Banque d'Algérie a enjoint aux banques, à travers deux notes, "de lever tous les obstacles abusifs que rencontrent leurs clientèles existantes ou potentielles, en matière d'ouverture de comptes, de dépôts et de retraits ou virements, tant en monnaie nationale qu'en devises". Cette démarche, a précisé le gouverneur de la Banque d'Algérie, "vise à restaurer la confiance entre les banques et le citoyen, aux fins de promouvoir davantage la nécessaire inclusion financière". Le niveau de bancarisation demeure faible En matière de bancarisation, M. Loukal a relevé une évolution favorable en termes d'expansion du réseau bancaire. Néanmoins, le niveau de bancarisation demeure faible, appelant à l'intensification des efforts pour une plus grande intermédiation bancaire et davantage d'inclusion financière. "Bien que le système bancaire, dans son ensemble, demeure résilient, il importe, cependant, de souligner que davantage d'efforts doivent être consentis par les banques en matière de collecte des dépôts", a-t-il souligné. Ces efforts, ajouté M. Loukal, "doivent être accompagnés par le recours plus intensif au marché de capitaux, plus dynamique et efficace". Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, "il serait indiqué que les grands groupes privés émergents s'organisent en conséquence, aux fins de devenir des acteurs majeurs du marché financier, à travers les emprunts obligataires et l'ouverture du capital et, in fine, pondérer les risques liés à la concentration des crédits bancaires classiques et permettre davantage d'accès de la PME/PMI naissante au financement bancaire". Evoquant le taux de change, M. Loukal a relevé que le dinar s'est légèrement apprécié face au dollar de 1,06% entre décembre 2017 et mars 2018 et s'est déprécié face à l'euro de 3,04% sur la même période. Inversement, entre mars et juillet 2018, le dinar s'est déprécié face au dollar de 3,09% et s'est apprécié de 2,32% face à l'euro. Entre juillet et septembre, la monnaie nationale a connu une stabilité relative. "Ces évolutions traduisent, ainsi, des ajustements limités du cours de change du dinar par rapport à ces deux monnaies, en relation avec les évolutions de leurs cours sur les marchés internationaux, en contexte de relative amélioration des fondamentaux : meilleure tenue des prix du pétrole et, dans une moindre mesure, réduction du différentiel d'inflation", a-t-il expliqué. Face à la persistance des faiblesses et des vulnérabilités de l'économie nationale, notamment sa forte dépendance à l'égard du secteur des hydrocarbures et de la dépense publique, le rapport de la Banque d'Algérie souligne, de nouveau, la nécessaire mise en œuvre de politiques économiques et réformes structurelles à même de rétablir les équilibres macroéconomiques, diversifier l'économie et assurer une croissance forte, durable et inclusive. Meziane Rabhi