Les huileries de nombreuses communes relevant des deux daïras de Azazga et de Bouzeguène, habituellement connues pour leur vocation oléicole, notamment Fréha, Ifigha, Azazga, Idjeur, Illoula Oumalou et Bouzeguène, semblent marquer le pas cette année, et les stocks entreposés dans les cours des huileries montrent amplement l'extrême faiblesse de la production enregistrée cette année. Des sacs dispersés ici et là par les familles de diverses localités n'incitent pas les propriétaires des huileries à mettre en marche les moteurs des pressoirs. "Je ne peux pas mettre en marche les machines pour une telle quantité qui nécessite à peine 2 à 3 jours de trituration. Si on arrête, il faut nettoyer les machines et mettre ensuite les travailleurs saisonniers à l'arrêt en attendant l'arrivée d'autres sacs d'olives ramassées tant bien que mal, surtout qu'il faut savoir qu'il y a plus d'une centaine d'huileries à moins de vingt kilomètres à la ronde", nous explique un propriétaire d'huilerie qui a l'habitude d'exploiter des machines industrielles depuis plus de vingt ans. En effet, la densité des pressoirs oléicoles industriels est importante dans la région d'Ath Yedjar et d'Ath Ghovri, et chacun de ces pressoirs à sa propre clientèle, même si le manque à gagner se ressent périodiquement. Et pour pallier la faiblesse de la production locale, les propriétaires des huileries s'adonnent depuis quelques années à l'achat de grosses quantités d'olives en provenance des wilayas du sud et de l'ouest du pays, voire même de Tunisie. Ces énormes stocks d'olives ne donnent pas nécessairement une huile de qualité comme l'huile locale, mais elles assurent une certaine compensation du déficit local et permettent ainsi de maintenir la stabilité des prix. Cette année, en dépit de la faible production, les prix oscillent entre 600 et 700 DA le litre d'huile d'olive, encore que les consommateurs reconnaissent facilement les olives en provenance d'Oued Souf ou de Sig, mais les huiliers de Kabylie gardent le secret et n'en parlent jamais. Il faut rappeler que la wilaya de Tizi Ouzou est connue, depuis la nuit des temps, pour sa vocation oléicole. Selon Mme Hadjih Samia, responsable de la filière oléicole à la DSA de wilaya, "la superficie oléicole de la wilaya dépasse 38 000 ha, généralement des oliviers de type Chemlal, très riche en huile. S'agissant de la démarche de la labellisation de l'huile d'olive Achvayli Nath Ghovri (Ifigha), une demande a été introduite à la DSA pour concrétiser ce projet de label avec identification de l'indice géographique et de l'appellation d'origine garantie et un cahier des charges est en cours d'élaboration". Notre interlocutrice ajoute, par ailleurs qu'"un avis favorable a été accordé par la DSA pour la création d'une coopérative oléicole Achvayli Nath Ghovri du village Tabourt, dans la commune d'Ifigha". De son côté, la responsable de la subdivision agricole de Bouzeguène nous a informé que "la production d'olives dans la daïra de Bouzeguène et à Ifigha pour l'année 2018 est d'environ 12 à 13 q/ha, alors qu'en 2017, elle était de 25 à 30 q/ha pour 15 l à 18 l d'olives à l'hectare, soit une diminution de plus de la moitié. Pour cette année, il faut attendre la fin de la trituration pour mesurer la quantité d'huile d'olive produite". KAMEL NATH OUKACI