Misère, chômage, malvie et promiscuité, tels sont les signes qui dominent le quotidien d'une jeunesse qui agonise à Mascara, une ville où les us et coutumes sont sérieusement bousculés par la nouvelle génération. Jadis, ville d'art et d'histoire, Mascara a depuis longtemps perdu cette image qui la caractérisait des autres régions, car les traditions ne sont pas respectées, les valeurs humaines bouleversées et le respect d'autrui disparu. Le phénomène autour duquel gravitent tous les fléaux reste le problème de l'emploi qui se pose avec acuité dans la région de Mascara à vocation agricole car le nombre de postes que peut générer le travail de la terre ne peut suffire à une demande sans cesse croissante, et la fermeture et la dissolution de centaines d'entreprises ont poussé au découragement les plus optimistes. Ainsi, des milliers de jeunes après avoir décroché des diplômes d'études supérieures et arrivés à maturité se heurtent à l'absence de débouchés et viennent grossir malgré eux les rangs des chômeurs. Du coup, c'est tout leur avenir qui est compromis par une situation de fait, notamment les jeunes qui ne bénéficient d'aucun soutien financier, matériel ou psychologique. Comme la patience a des limites, ils finissent par plonger dans la délinquance. Pour noyer leur chagrin, ils s'adonnent à la boisson, pour oublier leur misère, ils consomment de la drogue et pour se permettre ces “remèdes”, ils recourent au vol, à l'agression ou autres activités illicites, voies qui conduisent le plus souvent leurs auteurs en prison. Ce phénomène de société prend de plus en plus d'ampleur à Mascara, qui enregistre, sans coup férir, une hausse alarmante de crimes et délits. Ces jeunes désœuvrés, incompris, maltraités, dévalorisés et mis à l'index, ne trouvant aucune oreille attentive, sont condamnés à vivre avec la hantise du chômage et la peur d'une orientation dangereuse sans issue, car rien de positif ne se profile à l'horizon pour cette catégorie censée participer activement au développement de la région. Faute d'une occupation saine et lucrative, une grande majorité des jeunes de la région, en dépit de leur âge avancé, continuent à vivre aux crochets de leurs parents et sont privés de l'essentiel, une considération bafouée en raison de leur statut de chômeur quand ils ne sont pas traités de fainéants ou de bons à rien. Dans ce contexte, les cafés maures restent leur refuge privilégié pour se retrouver autour d'une table commentant les dernières nouvelles, s'informant sur les ficelles pour décrocher un emploi ou disputer une partie de dominos et jouer aux cartes oubliant ainsi, un court instant, leurs problèmes aggravés par l'absence de tout projet relatif à la réalisation de nouvelles entreprises, sources d'emplois. A. B.