Le président libanais, Emile Lahoud, a réaffirmé, hier, qu'il ne démissionnerait pas de ses fonctions, comme le lui demande une partie de l'opposition, après avoir voté dans son village natal de Baâbda (Metn). “Je vais rester jusqu'au dernier moment de mon mandat, comme le stipule la constitution”, a-t-il déclaré aux journalistes qui l'interrogeaient. L'opposition accuse M. Lahoud d'être impliqué, en tant que chef de l'Etat dans l'assassinat, le 14 février, de l'ancien Premier ministre, Rafik Hariri, et dans celui du journaliste anti-syrien, Samir Kassir. Le mandat du président Lahoud avait été prorogé de trois ans, en septembre dernier, sur l'insistance de la Syrie, à travers un amendement de la constitution voté par une majorité de députés du Parlement, dominé par des élus pro-syriens. Cet amendement avait été qualifié d'anticonstitutionnel par l'opposition. Une grave crise politique avait suivi le renouvellement du mandat de M. Lahoud, culminant avec la démission puis l'assassinat, quelques mois plus tard, le 14 février dernier, de Rafik Hariri. L'opposition entend introduire dans le nouveau Parlement une motion pour destituer le chef de l'Etat. Le président chrétien maronite peut être démis de ses fonctions en cas de haute trahison, mais les procédures sont extrêmement compliquées. “S'ils considèrent que la réunification de l'armée, la libération du territoire (après le retrait israélien du Liban sud en mai 2000, ndlr) et la lutte contre la corruption dans la mesure du possible comme une trahison, qu'ils me demandent des comptes”, a-t-il lancé à ses détracteurs. “Est-ce un mal que le Liban soit stable et uni ?”, s'est il encore demandé. Le chef de l'Eglise maronite au Liban, le cardinal Nasrallah Sfeir, un des ténors de l'opposition chrétienne anti-syrienne, s'est déclaré, dimanche dernier, hostile à une démission forcée du chef de l'Etat. Le cardinal a proposé d'attendre jusqu'après les élections, afin que “les choses se déroulent de manière légitime dans le cadre des institutions”. Suite à cet appel, l'opposition a reporté pour après la fin des élections législatives, dont la dernière étape est prévue le 19 juin, une manifestation pour réclamer la démission de M. Lahoud. Des chefs de l'opposition ont réclamé de nouveau la démission de M. Lahoud, après l'assassinat, le 2 juin dernier, du journaliste libanais Samir Kassir. R. I./Agences