Les opérations de relogement effectuées dans la wilaya n'ont visiblement pas réussi à absorber le nombre sans cesse croissant des demandeurs qui protestent de manière régulière. En effet, lundi dernier, une trentaine d'habitants de la cité Medj Ben Ali, un bidonville abritant plus de 120 familles situé en contrebas de la cité Sissaoui à 7 kilomètres du chef-lieu de wilaya, ont observé un sit-in devant le cabinet du wali pour manifester leur ras-le-bol vis-à-vis de la situation tragique de leurs habitations, existant, selon leurs dires, depuis plus de 60 ans. "Notre situation est lamentable, nous vivons dans des conditions très pénibles dans des bidonvilles et nos enfants sont tous malades", nous dit Ahmed un des protestataires. "Cette situation doit changer, nous ne pouvons plus continuer comme ça au moment où tout le monde bénéficie de logements sociaux. Pourquoi pas nous ? Pourquoi aucun recensement n'a été fait au niveau de notre bidonville, pourquoi aucune commission n'a été dépêchée à ce jour ? Pourtant nous nous sommes rendus auprès du chef de daïra de Constantine, mais ce dernier ne nous a pas reçus. Aujourd'hui nous sommes à notre quatrième sit-in, ici, devant le cabinet du wali. On nous envoie chaque fois les éléments du service d'ordre pour nous intimider. Pis encore, nous n'avons jamais été reçus par le wali, encore moins par le secrétaire général de la wilaya", s'exclame un autre habitant de la cité Medj Ben Ali. Les protestataires exigent une prise en charge de leur cas et une intervention personnelle du wali de Constantine pour mettre fin à leur calvaire. "Nous voulons que le wali de Constantine intervienne personnellement dans ce dossier, qu'il nous rende visite pour voir la souffrance quotidienne du simple citoyen, Constantine ne se résume pas uniquement au centre-ville", lancent-ils. En cas de non-satisfactions de leurs revendications, les habitants de la cité Medj Ben Ali menacent d'entamer une grève de la faim générale. "On en a marre d'entendre des promesses qui ne sont jamais tenues, notre situation ne peut pas attendre plus que ça, si le wali de Constantine n'intervient pas dans les jours à venir nous entamerons une grève de la faim", affirment-ils. Au même moment, un autre groupe de protestataires, formé surtout de femmes habitant toutes dans la daïra de Hamma-Bouziane, tenait également un sit-in à quelques mètres du premier. Elles dénoncent l'oubli des autorités de leurs dossiers de demande de logement, déposés, pour la plupart, depuis plus de 28 ans. "Cela fait 28 ans que j'ai déposé une demande de logement, j'ai même reçu un récépissé mais sans aucune suite lors des attributions de logements. Je suis toujours locatrice chez un particulier et je n'en peux plus de cette situation, je n'ai plus les moyens pour payer le loyer qui augmente chaque année", s'écrie Karima, une mère de famille. Les protestataires pointent du doigt les services de la daïra de Hamma-Bouziane et les accusent de distribuer les logements sous le manteau. "Tout le monde sait comment et sur quelle base se fait la distribution des logements à Hamma-Bouziane, et chaque fois que nous demandons à voir le chef de daïra, ce dernier refuse de nous recevoir en répondant qu'il ne peut rien faire pour nous et que nous devons voir avec la daïra de Constantine, et quand nous nous sommes rendus auprès de cette dernière, il n'y a personne pour nous écouter, c'est souvent les agents de sécurité qui nous reçoivent. Cela dure depuis années maintenant. Nous ne savons pas quoi faire", se déso-lent-elles. Le wali rassure Le même jour, lors de la cérémonie de distribution des clés de 830 logements de différentes formules au profit de leurs bénéficiaires qui s'est déroulée au siège de la wilaya à la cité Daksi-Abdesselem, le wali de Constantine Abdessamai Saidoune a affirmé que "plusieurs opérations de relogement seront effectuées avant le 10 janvier prochain, dont la distribution de 1 700 logements sociaux faisant partie du programme de 3 500 unités dans la nouvelle ville Massinissa à El-Khroub, 1 200 autres unités seront distribuées dans la nouvelle ville de Aïn Nehess et 512 logements à caractère social à l'unité de voisinage (UV20) extension à la nouvelle ville Ali-Mendjeli". Ces opérations, indique le chef de l'exécutif, concerneront les détenteurs de pré-affectations des communes de Constantine et d'El-Khroub. S'agissant du projet de 1 500 logements de type social, situé sur les hauteurs de la localité de Bkira dans la commune de Hamma-Bouziane, l'opération s'effectuera avant le 10 janvier, un projet qui a été à l'origine de plusieurs mouvements de protestations observés, de manière récurrente, par les bénéficiaires détenant de décisions de pré-affectation. Ces derniers, affirme une source proche du dossier, revendiquaient la finalisation du projet, l'attribution des logements et aussi une enquête approfondie sur des personnes étrangères à la localité de Bkira et figurant sur la liste des bénéficiaires. Rappelons que les habitants de cette localité avaient accusé les services de la daïra de Hamma-Bouziane "de manque de transparence" dans le traitement des dossiers. En 2016, et sur demande des services de la daïra de Constantine, une enquête sur la liste des bénéficiaires a été ouverte par les services de la Sûreté de willaya. Ainsi, une étude des recours a été faite par une commission présidée par le wali, une étude qui s'est soldée par la mise à l'écart de pas moins de 157 noms. Iness Boukhalfa