La démocrate Nancy Pelosi a défié Donald Trump dès son retour historique, jeudi, à la tête de la Chambre des représentants, en faisant approuver par sa nouvelle majorité des mesures visant à mettre fin au "shutdown" qui paralyse une partie des administrations américaines. Mais Donald Trump, qui a pouvoir de veto, s'oppose vigoureusement à ces textes car ils ne comprennent pas le financement de son mur censé endiguer l'immigration clandestine à la frontière mexicaine. Dans un avant-goût du bras de fer tendu qui risque de plomber les deux dernières années de son mandat, ces mesures ne passeront donc probablement pas le Sénat, contrôlé par son parti républicain. Pour Nancy Pelosi et les démocrates, il s'agissait surtout, au premier jour de leur pouvoir retrouvé, de s'afficher en acteurs "responsables" faisant tout pour sortir de l'impasse budgétaire tandis que Donald Trump persiste selon eux dans des "caprices". Les deux parties devaient se retrouver hier à la mi-journée à la Maison-Blanche pour tenter de trouver une solution au "shutdown" qui paralyse 25% des administrations fédérales depuis bientôt deux semaines. "Nous ne nous faisons pas d'illusions, notre travail ne sera pas facile", avait reconnu plus tôt Nancy Pelosi, après avoir repris le marteau de "speaker", qu'elle avait déjà tenu entre 2007 et 2011 lorsqu'elle était devenue la première femme de l'Histoire américaine à accéder à ce poste crucial. Nancy Pelosi (78 ans) a été élue par 220 voix. Dans son discours, elle a dit vouloir protéger la classe moyenne, alors que Donald Trump avait su, en 2016, séduire certains des déçus du "rêve américain". Mais elle a aussi eu un message d'ouverture envers les migrants. Sur l'environnement, Nancy Pelosi a eu des mots très forts alors que Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris. "Nous devons aussi nous occuper de la menace existentielle de notre époque: la crise climatique", a déclaré la démocrate. Le bras de fer autour du "shutdown" annonce les féroces batailles à venir entre les démocrates et la Maison-Blanche, avec la promesse de multiples enquêtes parlementaires. En première ligne: les soupçons de collusion entre Moscou et son équipe de campagne électorale en 2016, alors que le mandat du républicain est, pratiquement depuis ses débuts, déjà empoisonné par l'enquête du procureur spécial Robert Mueller. Avec leur nouveau contrôle de la Chambre, les démocrates décrochent en effet la tête de commissions parlementaires dotées de puissants pouvoirs d'investigation, notamment ceux d'assigner les témoins à comparaître et d'ordonner la présentation de documents. Ils ont d'ailleurs promis d'exiger du milliardaire qu'il présente enfin ses déclarations d'impôts. Derrière ces turbulences, la perspective d'une procédure de destitution, ou "impeachment", pourrait se dessiner plus nettement. R. I./Agences