Jeudi, lors de ce qui s'apparente à un procès expéditif et dénué de toute crédibilité, Riyad a condamné cinq présumés auteurs de cet assassinat à la peine de mort. L'Arabie Saoudite et son prince héritier, Mohammed Ben Salmane, sont toujours sous pression de la part des Etats-Unis qui exigent toujours de livrer une version plus crédible sur l'assassinat du journaliste opposant Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d'Istanbul le 2 octobre 2018. "Le secrétaire d'Etat, (Mike Pompéo, ndlr) a été très cohérent dans ses engagements avec les Saoudiens (...) et il insiste sur les deux points de responsabilité et de crédibilité, à savoir que les Saoudiens devraient avoir un récit crédible pour ce qui s'est passé", a déclaré un haut responsable américain aux Affaires étrangères, sous-couvert de l'anonymat, repris par Reuters. "Je ne pense pas de notre point de vue que le récit des Saoudiens ou du processus juridique a déjà atteint ce seuil de crédibilité et de responsabilité", a-t-il déclaré à la veille d'une nouvelle visite de Mike Pompéo dans la région, durant laquelle il s'entretiendra avec les autorités saoudiennes sur cette affaire qui a défrayé la chronique mondiale. Pompeo souhaite que les auteurs et les planificateurs de l'assassinat soient identifiés par les Saoudiens et que les sanctions appropriées soient infligées, a ajouté la même source. "Il est dans l'intérêt des Saoudiens de s'attaquer vigoureusement à ce problème pour se débarrasser de ce boulet et tourner la page de cet incident qui a suscité un tel tollé", a-t-il ajouté en référence à l'affaire du journaliste saoudien tué début octobre dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Il va "continuer à faire pression pour que les responsables rendent des comptes et pour que les dirigeants saoudiens se montrent crédibles au cours du processus judiciaire qui a commencé cette semaine", a-t-il affirmé. Un procès s'est ouvert jeudi à Riyad au cours duquel le procureur général a requis la peine de mort contre cinq suspects de ce meurtre commis par des agents saoudiens. Mais l'identité des commanditaires continue de faire des vagues : le Sénat américain, pourtant contrôlé par le camp républicain du président Donald Trump, a estimé en décembre, dans une résolution adoptée par consentement unanime, que le puissant prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane était "responsable du meurtre". Pour rappel, Jamal Khashoggi a été étranglé puis décapité à l'intérieur du consulat saoudien à Istanbul par un commando de 15 membres. Son corps n'a jamais été retrouvé et l'Arabie Saoudite refuse que les présumés auteurs de ce crime d'Etat soient jugés en Turquie, comme l'a demandé Ankara. Ankara et des plusieurs ONG internationales ont demandé que l'ONU engage une enquête internationale indépendante pour élucider ce crime, dont tous les éléments de l'enquête convergent vers la responsabilité directe du prince héritier. L. M./Agences