Dans une nouvelle sortie publique, le chef d'état-major de l'armée, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, met un pied dans la politique. L'homme qui affirme dans toutes ses sorties que l'armée ne se mêlait pas de politique a prononcé, hier à Oran, un discours empreint de politique. L'adresse, courte selon la version fournie par la télévision publique, fait l'éloge du bilan d'Abdelaziz Bouteflika et sonne comme une campagne électorale avant l'heure. Ainsi, Ahmed Gaïd Salah, qui a averti à trois reprises les retraités de l'armée qui osent se mêler de la politique, s'élève contre "certains individus qui ne sont pas satisfaits" ou qui "sont dérangés par la stabilité de l'Algérie". Le discours fait écho à ceux qu'adoptent les partis politiques qui font partie de la "majorité présidentielle". Pour le chef de l'armée, cette stabilité a été "concrétisée grâce à l'initiative de Son Excellence, M. le président de la République, en l'occurrence la Charte de la paix et de la réconciliation nationale approuvée par l'ensemble du peuple algérien, puis grâce aux sacrifices colossaux consentis par notre peuple dans toutes ses catégories à travers l'ensemble du pays, à leur avant-garde l'Armée nationale populaire". La remarque de Gaïd Salah ne s'arrête pas à l'aspect sécuritaire. Il rappelle, comme les supporters du chef de l'Etat, que cette stabilité a apporté "le développement". "Le retour de la sécurité et de la quiétude dans notre pays, a constitué l'impératif le plus pressant pour tout effort de développement qui augure de bons résultats sur plus d'un plan", note le vice-ministre de la Défense nationale. "L'Algérie stable et sereine a su réussir son parcours vers davantage de réalisations de développement dans divers domaines, y compris celui du tourisme qui a connu un nouvel essor, où notre Grand Sud s'accoutume d'accueillir, ces dernières années, des milliers de touristes. Cela dénote clairement de cette bénédiction de quiétude qui règne sur notre pays", a indiqué encore le chef d'état-major de l'ANP. En allusion aux interférences qui peuvent exister entre l'armée et la classe politique, Ahmed Gaïd Salah a une nouvelle fois fait référence au respect de la constitution. "L'Algérie qui a donné au monde ce peuple fier de sa prestigieuse histoire nationale, est la même qui a donné au monde ce peuple attaché à l'esprit des lois qui le régissent, à savoir sa loi principale qu'est la Constitution", a-t-il indiqué. À l'approche de l'élection présidentielle, le rôle de l'armée va être de plus en plus au centre des débats. La grande muette va être scrutée sur la position qu'elle adoptera durant ce scrutin qui ne ressemble à aucun autre. Si le chef de l'armée a toujours confirmé que l'institution qu'il représente ne se mêle pas de politique, la réaction, parfois virulente, qu'il a affichée ces derniers temps face à des sorties médiatiques de certains anciens officiers de l'armée qui invitent l'ANP à "assumer ses responsabilités", trahit une volonté de jouer un rôle qui ne va pas forcément dans le sens des sollicitations de l'opposition. Et le discours d'hier ne fait que confirmer cela. Ali Boukhlef