Selon des données établies par l'Office national des statistiques (ONS), la production dans la branche de liquéfaction du gaz naturel a diminué de 25,9%, une très forte baisse dans un secteur pourtant bien établi et promis à un bel avenir dans un pays au potentiel considérable en gaz. Selon Ali Kefaifi, expert en énergie, cela est dû à une combinaison de facteurs qui ont convergé pour exercer des pressions sur la production de GNL. Il explique ainsi que des arrêts réplétifs, en amont, c'est-à-dire au niveau de la production gazière, auront conduit à une baisse des volumes de gaz liquéfié dans les usines de GNL dans le pays. Et d'ajouter qu'à force de tirer sur le gisement de Hassi R'mel, la pression semble plutôt baisser dans le puits, rendant difficile l'extraction du gaz. Pour y faire face, Sonatrach a procédé à du boosting pour relever la production dans ce périmètre. Elle a déjà dégagé une enveloppe de deux milliards de dollars pour maintenir la production de Hassi R'mel. Ce dernier produit entre 190 et 210 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour. Cela correspond à 60% de la production gazière totale du pays. La compagnie nationale s'est donné comme objectif, à travers cet investissement, de maintenir la production autour de 190 millions de mètres cubes sur les dix prochaines années. Pour l'expert, le "boosting" est utilisé dans ce périmètre, mais il y a des problèmes qui font que les choses avancent bien trop lentement. Par ailleurs, la vétusté des équipements utilisés dans les usines de GNL de Skikda et d'Arzew n'arrangent pas les choses. Parfois, a-t-il souligné, les arrêts qui y sont programmés pour maintenance sont plus longs que prévu. Et cela, a-t-il poursuivi, n'est pas sans conséquence sur la production du GNL. À ces difficultés s'ajoute le fait que plusieurs gisements gaziers, mis en chantier depuis des années, ne sont pas encore entrés en production. Sontrach devrait commencer la production de gaz de son champ de Timimoun en 2019, soit deux ans plus tard que prévu, avec des négociations en cours pour des contrats susceptibles d'approvisionner l'Europe. Le site de Timimoun devrait produire 1,6 milliard de mètres cubes par an, du gaz vers l'Europe à travers le gazoduc Medgaz, un tube de 757 km reliant l'Algérie à l'Espagne. Du retard également dans la livraison du site de Touat, un champ situé dans le sud-ouest du pays et dont le développement a atteint un taux de réalisation de 93%. Sonatrach et ses associés dans ce projet (la société britannique Neptune et la française Engie) s'attendent à ce que la production démarre au cours du premier semestre 2019. Le projet qui devrait générer un plateau annuel, son optimum de fonctionnement, de 4,5 milliards de mètres cubes de gaz et 630 000 barils de condensat, devait avoir démarré depuis 2016, mais a été retardé à plusieurs reprises. Ali Kefaifi estime que les gisements en chantier sont de petite taille et, par conséquent, leur apport est bien mince. Durant le 3e trimestre de 2018, les exportations globales ont atteint un volume de 22,05 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep), contre 24,61 millions de Tep affichés au cours du même trimestre de l'année 2017, selon des statistiques fournies par Sonatrach. Les hydrocarbures gazeux ont représenté une part de 53% du volume total exporté, cumulant une quantité vendue de 11,65 millions de Tep. Comparativement au troisième trimestre 2017, les exportations du gaz naturel liquéfié (GNL) ont connu une régression de 45%, alors que les exportations de gaz naturel (GN) ont enregistré une croissance de près de 17%, souligne Sonatrach. À noter que la demande mondiale de gaz augmentera en moyenne de 1,6% par an, atteignant un peu plus de 4 100 milliards de mètres cubes en 2023, contre 3 740 milliards en 2017, selon un récent rapport de l'Agence internationale de l'énergie. La Chine devrait devenir le plus gros importateur mondial de gaz d'ici deux à trois ans, la production et les exportations américaines augmenteront fortement et l'industrie gazière remplacera la production d'électricité en tant que principal secteur de croissance, note le document. Youcef Salami