L'affaire de la veuve de chahid feue Amokrane Djedjiga, qui a été assassinée le 10 août 2004, à l'âge de 76 ans, à l'intérieur même de son domicile, une villa située à la Cité Zerrara, en plein centre-ville de Béjaïa, passera demain à la cour criminelle de Béjaïa. Le fils de la défunte, le dénommé Nacer Amokrane, 51 ans, s'est présenté à notre bureau régional pour nous faire part de ses appréhensions de voir ce procès passer comme une lettre à la poste, partant du principe que “l'auteur présumé de ce crime n'est autre que le fils d'un ancien magistrat, actuellement avocat à Tizi Ouzou”. Citant même le nom de cet avocat, M. Amokrane tient surtout à “dénoncer la manière avec laquelle est menée l'instruction de cette affaire”. “L'instruction est bâclée”, assène-t-il d'une voix forte. Car, selon lui, l'enquête a fait apparaître beaucoup de zones d'ombre. “Il n'y a eu même pas de reconstitution des faits !” s'exclame-t-il encore, avant d'ajouter que “tout porte à croire qu'on a tout fait pour réduire cette affaire au point de vouloir faire de la victime un cas isolé. Alors que la défunte a été bel et bien ligotée, bâillonnée et affreusement défigurée par ses bourreaux qui l'ont torturée pendant plusieurs minutes avant de l'achever à l'aide d'un arrache-clou pour lui arracher enfin ses bijoux, son or et son argent dont la bagatelle somme de 10 000 euros”. Le fils de la défunte croit dur comme fer que l'assassin présumé n'était pas du tout seul à l'intérieur de la villa de la victime le jour du crime, dès lors que “cette dernière aurait donné à manger à pas moins de quatre personnes quelques heures avant sa mort, étant donné qu'on a retrouvé les traces des quatre plats servis”. Par ailleurs, M. Amokrane se déclare “stupéfait d'avoir découvert, à l'âge de 51 ans, le monde des robes noires”, puisqu'il se rappellera à jamais de ce jour-là où ses sœurs et lui étaient mis dans la même salle d'attente que l'assassin présumé de sa mère, alors qu'ils s'apprêtaient à se présenter devant le magistrat instructeur. “Nous étions vraiment ridiculisés par l'attitude méprisante de ce criminel qui ne cessait de nous narguer avec ses regards narquois. C'est honteux !” déplore notre interlocuteur, visiblement très touché dans son amour-propre. KAMEL OUHNIA