Le consul général a exclu tout traitement politique de la délivrance des visas aux Algériens. Les Algériens ont eu moins de visas pour la France en 2018. C'est ce que révèlent les chiffres donnés par le consulat général de France à Alger. Ils sont, en effet, passés de 413 976 en 2017 à 297 104 en 2018. Soit une baisse considérable de 116 872 visas, même si la demande est restée, comme le reconnaissent les autorités consulaires françaises, la même durant les deux années. La demande était de 618 000 en 2017 et de 570 000 en 2018. Selon Marc Sédille, consul général de France à Alger, cette baisse ne répond aucunement à des considérations politiques. Lors d'une rencontre avec la presse, jeudi, au siège du consulat, M. Sédille a expliqué que cette baisse est due principalement à deux raisons. À savoir, le changement du prestataire de services, de TLS contact vers VFS Global, et ensuite, pour cause du resserrement du contrôle aux frontières à cause de la crise migratoire de 2015. "Il y a eu le changement de prestataire au début de l'année. Le consulat a cessé de recevoir les demandes pendant un mois", a-t-il dit, ajoutant que cela "s'est traduit par une baisse du nombre de dossiers traités, donc du nombre de visas délivrés". "Il n'y a pas de quota de visas pour les Algériens. La délivrance d'un visa répond exclusivement au dépôt d'un dossier complet avec des documents fiables", a rassuré le responsable comme pour évacuer toute gestion politique du dossier des visas entre l'Algérie et la France. Pour lui, cette baisse ne s'explique que par les deux raisons susmentionnées, précisant que le taux de refus était de 40%, mettant l'accent sur le fait que les services consulaires d'Alger traitent la moitié des demandes à l'échelle nationale et que les deux autres consulats, celui d'Oran et celui d'Annaba, ne traitent que les 2/4 des demandes. Il a également rappelé que l'entrée en vigueur de la plateforme France-visa a uniformisé les justificatifs des demandes. C'est ce qui a mis fin, a-t-il souligné, au dispositif dérogatoire dont bénéficiaient auparavant certaines professions. Interrogé pour savoir si cette baisse se poursuivra pour l'année en cours, M. Sédille a estimé que 2018 était une année charnière et rien n'indique que cette tendance à la baisse sera maintenue en 2019. Une dette hospitalière de 25 millions d'euros Pour 2019, le consul général de France à Alger reste "optimiste" et précise que l'analyse d'une quelconque politique migratoire se fait sur la durée. "Nous avons délivré 297 104 visas en 2018" ce qui équivaut, a-t-il ajouté, "à une ville entière qui se déplace", regrettant que le détournement de l'objet de visa ait provoqué une situation telle que la dette hospitalière privée cumulée par les Algériens a atteint 25 millions d'euros. Cette dette ne concerne que les structures hospitalières de la région île-de-France, tenait-il à préciser. Parmi "les fraudeurs", M. Sédille a souligné que les enquêtes effectuées ont démontré que "des personnes qui ont beaucoup de moyens ici en Algérie" recourent à cette pratique. Sans préciser l'identité de ces "personnes qui ont des moyens ici en Algérie", M. Sédille a souligné que, partant de cette situation, "les contrôles de police révèlent que les Algériens en situation irrégulière sont nombreux, il y a beaucoup de mesures d'éloignement qui visent les Algériens", a-t-il révélé. Concernant les "fausses" déclarations, M. Sédille a estimé que les gens "doivent nous dire la vérité sur leur situation", indiquant que "tout le monde est conscient ici de la situation de l'informel". Sur ce, il met en garde contre le recours à des intermédiaires. "Les demandeurs doivent constituer leurs dossiers eux-mêmes", a-t-il dit, précisant que c'est "en fonction des documents que le demandeur dépose que cela démontre s'il est réellement en mesure de financer son séjour. Parfois, nous sommes face à une incohérence dans les déclarations". "Les demandeurs doivent fournir des documents fiables", a-t-il plaidé, ajoutant que près de 1/3 des recours ont été positifs. Il faut noter qu'en 2017, les Algériens ont été classés deuxièmes parmi les quinze nationalités auxquelles ont été délivrés le plus grand nombre de visas. Les Chinois ont eu 849 039 visas en 2017. En 2018, l'Algérie est classée 4e bien après le Maroc, 3e avec 334 016 visas, la Russie (2e avec 372 451 visas) et toujours la Chine en pole position avec 875 994 visas. Mohamed Mouloudj