Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) est convaincu que seule la transition politique négociée avec le régime en place viendra à bout de la crise que vit le pays. Cette idée défendue par l'opposition réunie au sein de la CNLTD serait, selon Abderrezak Makri, "une proposition du MSP" que l'opposition "a adoptée" lors de la rencontre de Mazafran en 2014. Le chef de l'ex-Hamas, qui en fait un sacerdoce, a expliqué, hier, au Forum de Liberté, que "40 pays au monde ont réussi à se démocratiser grâce à cette transition". "Nous nous inspirons de toutes ces expériences réussies que nous voulions adapter à la réalité algérienne pour en finir avec ce système dictatorial", a-t-il indiqué, ajoutant que dans plusieurs pays, "la transition s'est faite à travers des pourparlers entre les opposants et les pouvoirs en place". Dans son plaidoyer en faveur de cette "sortie de crise", Abderrezak Makri considère que "tous les ingrédients sont réunis" pour mener à bien la transition, d'où, estime-t-il, "les propositions du MSP sur le report de l'élection présidentielle". "Le pouvoir a échoué dans sa tentative de relever les défis qui se sont imposés au pays durant les années 90", a-t-il indiqué, précisant que ces défis étaient, notamment, le développement économique et la démocratisation des institutions de l'Etat. Même si le chef de l'ex-Hamas s'est emmêlé les pinceaux quand il a fait le lien entre la transition politique négociée avec le régime et les différentes propositions du parti concernant la présidentielle, y compris son entrée en lice. La contradiction se situe entre l'objectif recherché et la démarche adoptée pour l'atteindre. M. Makri considère que la participation du MSP à la prochaine présidentielle, une participation quasi certaine, a pour objectif "de rencontrer les Algériens et leur expliquer les dangers qui nous guettent", prévoyant "une autre crise sans consensus et sans transition après l'élection". La même participation sera aussi un tremplin pour aller vers une transition. Sauf que dans ce cas de figure, Abderrezak Makri n'explique pas que la tenue d'une élection dans ses délais de rigueur est déjà un démenti à la crise politique qui nécessiterait une transition pour la résoudre. Toujours dans le même ordre d'idées, M. Makri a mis en garde contre "le transfert du pouvoir vers les hommes d'affaires". Il a estimé, à ce propos, que "cela est dangereux", car les hommes d'affaires "ne vont défendre que leurs intérêts". Les non-dits de M. Makri au Forum de Liberté concernant le projet de transition qu'il se fixe comme objectif concernent, également, ses attaques contre une certaine opposition qu'il a qualifiée de "jusqu'au-boutiste", car elle refuse, selon lui, "les pourparlers avec le pouvoir en place". Dans tout son réquisitoire, à la fois contre ses anciens alliés de l'opposition, notamment au sein de la CNLTD et contre ceux qui ont "sabordé" les tentatives du MSP à imposer "une transition", Abderrezak Makri a estimé que "l'histoire retiendra que le MSP a essayé de trouver une issue à la crise et que notre démarche est inattaquable". Sur sa lancée, il a tout de même pris des gants dans ses charges contre le pouvoir. D'habitude prolixe et parfois virulent dans ses critiques vis-à-vis du régime, hier, le chef de MSP a préféré plutôt arrondir les angles et éviter de s'en prendre frontalement au régime. "Les Algériens ont la phobie de manifester", a-t-il constaté, sans rappeler, à ce propos, que c'est justement les interdictions faites depuis plusieurs années à toute expression de rue qui ont poussé les Algériens à cette "résignation". Toujours à propos de ses attaques contre l'opposition, M. Makri a accusé des partis de l'opposition, sans les citer, d'être des "appendices" du régime. Mohamed Mouloudj